Former et étudier avec le numérique dans le supérieur

Mois : août 2023

Comment et quand utiliser l’étude de cas en formation ?

Au menu du jour, un bref inventaire non exhaustif des utilisations possibles d’une étude de cas. 

À quelles fins ?

  • Enseigner (dans le cas d’une approche inductive) ou évaluer (évaluation diagnostique, formative ou sommative) ;
  • Mettre en évidence les enjeux d’un problème au début d’une formation ou lorsqu’un nouveau thème est abordé ;
  • Servir de fil rouge tout au long de la formation (inductif ou déductif). C’est la démarche adoptée dans l’apprentissage par projet ;
  • Servir d’exercice d’application ponctuel.

Quelles modalités de traitement ?

  • En distanciel, en présentiel ou en blended ;
  • En synchrone ou en asynchrone ;
  • Individuellement ou en groupe ;
  • Corrigée par le formateur ou évaluée par les pairs. Dans ce dernier cas, le travail doit être décomposé en étapes simples et claires et accompagné de consignes très précises.

Pour quelles matières ?

Toutes les matières technologiques et professionnelles sont concernées au premier chef… mais l’étude de cas peut aussi être utilisée dans les matières générales ! Comment ? En contextualisant un exercice pour lui donner du sens dans la vraie vie. Cela peut être, par exemple, en français, une mise en situation de journaliste ou de rédacteur Web pour telle ou telle société.

Bien entendu, il semble a priori difficile de n’enseigner une matière générale/théorique que sous cette forme. Les études de cas peuvent néanmoins pimper les séances !

Autre option : se greffer sur le projet d’un collègue dans une approche transversale. Rappelez-vous le sujet de projet tuteuré que je vous ai décrit dans l’épisode deux de cette série. Il permettait de combiner deux disciplines : l’introduction au développement Web (matière pro) pour la conception du site, et la communication-expression (matière générale) pour la rédaction des contenus !

Ce type de fonctionnement est tout à fait transposable aux langues, aux maths… en fonction du thème abordé.

À quel niveau ?

L’étude de cas mobilise des connaissances, la compréhension des contenus théoriques, et, a minima, la capacité à les appliquer. Elle peut également mobiliser/permettre d’acquérir des compétences relevant de l’analyse, de la synthèse, de l’évaluation et de la création. Vous l’aurez compris, ce sont les niveaux les plus élevés de la taxonomie de Bloom qui sont concernés ici.

Au-delà des capacités requises, le caractère réaliste des cas, condition sine qua non de la qualité de l’outil, réserve son utilisation à l’après-collège. Lycée, université,  grandes écoles, organismes de formation professionnelle : cela laisse tout de même un beau terrain de jeu !

Pour quel public ?

Jeunes en formation initiale, pour les aider à découvrir et appréhender le monde du travail, adultes en formation professionnelle parce que des cas réels leur permettront de mieux assimiler les contenus… sans avoir l’impression de retourner sur les bancs de l’école… : l’étude de cas peut être adaptée à des publics très variés.

 

Quand je vous disais que l’outil était versatile 😁 !

Alors oui, on peut l’utiliser – presque – partout et en toutes circonstances. Mais il ne faut pas l’utiliser n’importe comment ! Rendez-vous au prochain épisode pour en savoir plus.

Nuage de mots : https://wordart.com/dashboard

Il était une fois… une étude de cas carrossée en QCM

Septembre 2019. Je mets la dernière main à mon cours “Réalisez un diaporama pour accompagner votre présentation” pour OpenClassrooms… et le travail est terminé !

Sauf que… vous le connaissez forcément le petit truc de dernière minute qui fait que quand il n’y en a plus, il y en a encore ? Ça peut venir de soi – un problème technique,  des doutes personnels de dernière minute… – ou de l’extérieur… notamment du client. 

Là, c’est la version externe – option client. J’apprends que l’ingénieur pédagogique qui m’accompagne a quitté l’entreprise. Sa remplaçante reprend le suivi de ce projet, veut me voir, va répondre à toutes mes remarques, demandes… Sauf que… Il y a une petite bricole qui a changé chez OC. Au moment où j’ai terminé la production de mon cours, les évaluations finales étaient en Peer Assessment (évaluation par les pairs). J’avais fait une belle étude de cas impliquant la manipulation d’un diaporama –  logique quand le cours porte sur le diaporama. J’avais des étapes claires, la grille qui va bien pour que les pairs évaluent objectivement leur travail et celui des autres… Sauf que… Dans l’intervalle OC venait de décider d’arrêter le peer assessment… 

Bon, effectivement, c’est un mode d’évaluation qui présente quelques inconvénients. Il faut un volume élevé d’apprenants simultanément inscrits – et actifs – sur le cours pour assurer une correction rapide des travaux par plusieurs pairs. Cela implique également que les apprenants/correcteurs fassent “bien” le job : qu’ils respectent les critères d’évaluation, produisent des retours constructifs… Honnêtement, ce n’est pas évident ! Si vous avez déjà testé, même sur des plateformes de MOOC historiques comme Coursera, vous avez forcément eu droit à des expériences inégales.

En tout cas, le sujet n’est pas là. On parle de mon étude de cas, vous vous rappelez ? Mon bébé. Je l’avais bichonnée, celle-là ! Pensez ! Le but : évaluer l’acquisition de toutes les compétences liées au cours. On parle de compétences, là ! Pas de connaissances : 

  • choisir des contenus appropriés pour un diaporama ;
  • créer un document de présentation en autonomie ;
  • appliquer les bonnes pratiques de mise en page d’un document de présentation ;
  • lister les bonnes pratiques de présentation d’un diaporama devant un auditoire.

Donc, essentiellement l’aptitude à se servir d’un logiciel de présentation, pas d’en parler !

Or par quoi on me demandait de remplacer mon étude de cas ? Par un QCM – évaluation automatique oblige. Pas évident. Comment évaluer des compétences avec un QCM ? Comment garantir qu’un apprenant sait bâtir un diaporama parce qu’il coche des cases ? Un vrai challenge !

Alors je me suis dit : et si, au lieu de créer un QCM pour remplacer mon étude de cas, je transformais mon étude de cas en QCM ?

J’ai tenté… et ça a fonctionné !

Le principe ? Demander aux apprenants de faire le travail prévu initialement et de répondre à une question à chaque étape afin de mentionner l’action qu’ils doivent effectuer/ont effectuée pour passer à l’étape suivante. Donc, de réaliser le travail tout en complétant le QCM en parallèle.

La procédure ? J’ai : 

  • conservé le contexte, les annexes et le travail final à produire.
  • (re)traité moi-même mon cas, pour le décomposer en étapes qui correspondraient chacune à une question.
  • documenté mon travail, notamment avec de nombreuses captures d’écran.
  • proposé des réponses alternatives plausibles pour chaque question.

N’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour voir le résultat.

Vous pourrez objecter que les réponses alternatives sont triviales et que les apprenants n’ont pas besoin de traiter le cas pour y répondre.

En fait, il s’agit d’un cours participant à l’acculturation au numérique de personnes qui en sont très éloignées. Si vous êtes en train de lire ces lignes, c’est que votre niveau est sans rapport avec celui du public cible 😃. Par ailleurs, la plateforme s’adresse à des apprenants cherchant à monter en compétence, pas à des potaches souhaitant obtenir une “bonne note” à peu de frais ! Leur intérêt est de profiter de cet exercice pour faire réellement le travail. Les cours OC ne sont pas certifiants en eux-mêmes, et s’ils font partie d’un parcours, c’est en validant des projets que les apprenants obtiennent leur titre, pas en réussissant les quiz des cours.

 

En espérant que cette histoire personnelle pourra être une source d’inspiration !

Au programme du prochain article : un petit point sur les cas d’utilisation… de l’étude de cas. Stay tuned 😀 !

Illustration : Image by vectorjuice on Freepik

Paramétrer une étude de cas

L’étude de cas a vu le jour à Harvard, au 19e siècle, pour l’enseignement du droit. Pas d’innovation pédagogique en perspective, donc, me direz-vous ! Erreur ! Si l’on s’en tient à une définition très large d’une activité pédagogique dans laquelle les apprenants sont confrontés à la description d’une situation concrète dans laquelle se pose(nt) un ou plusieurs problème(s) qu’ils vont être invités à résoudre, de nombreux “paramétrages” sont envisageables.

Paramètre Réglage
Objet Les acteurs et le scénario peuvent être imposés, mais vous pouvez également laisser une marge de manœuvre aux apprenants, notamment dans le choix des acteurs. Dans le cas vu dans l’article précédent, il aurait été possible de les laisser sélectionner le gîte rural dont ils souhaitaient refondre le site. Cela aurait, en revanche, nécessité de donner des critères à respecter de façon à ce que le travail démontre bien l’acquisition des compétences. Pour la même raison, une validation de la part des enseignants aurait été utile.
Rôle de l’apprenant L’histoire peut être totalement extérieure à l’apprenant, auquel cas ce dernier apportera une liste de conseils distanciés, ou l’impliquer en tant qu’acteur. Dans cette hypothèse, il pourra travailler pour l’entreprise objet du cas en tant que salarié, consultant…
Réalisme L’étude de cas se distingue, par son essence même, d’une approche exclusivement théorique, il faut donc à tout prix éviter qu’elle soit hors-sol ! L’étude de cas doit montrer ce qui se passe “dans la vraie vie”. Alors oui, on peut inventer la situation pour différentes raisons : par exemple parce que les informations dont on dispose sur des cas réels sont  confidentielles, ou encore parce que l’on n’a pas sous la main un cas réel suffisamment d’actualité pour lequel on dispose de tous les documents dont on a besoin… Mais les cas inventés doivent être réalistes : inspirés d’expériences vécues, ou, au moins, de seconde main (cas des banques d’études de cas), mais pas issues des dires d’un copain qui a un copain qui a un copain qui connaît quelqu’un qui…
Supports d’information

Peut-on réellement qualifier d’études de cas des questions un peu pratiques, sans plus d’information ?

Difficile de décider arbitrairement de l’endroit où l’on place le curseur entre un exercice du style problème de maths à l’ancienne (“Un agriculteur produit des bottes de paille parallélépipédiques, etc…”) et une “étude de cas”… Cependant, pour apporter l’authenticité mentionnée plus haut, il est important de planter un vrai décor. Les annexes, quelle que soit leur forme (textes, tableaux, graphiques, audio, vidéo…), sont une part essentielle de cet exercice. À vous de faire les bons choix en ce qui concerne leur nature et la quantité des supports ! Et pourquoi pas, lorsqu’il s’agit d’un cas réel, confier aux apprenants la mission de mener des recherches pour se procurer les informations manquantes ?

Complexité Si un cas réaliste est nécessairement bâti en fonction des objectifs pédagogiques et du profil des apprenants, il n’en est pas de même d’un cas réel. Pour autant, rien n’impose, évidemment, de détailler l’intégralité de la situation, ni de fournir tous les documents annexes in extenso. Il appartient au formateur de “styliser” certaines informations et de simplifier la description des situations ou problématiques pour adapter le cas à l’audience et faire ressortir les éléments essentiels au regard de la situation d’apprentissage considérée !
Gestion de projet Quoique chef de projet soit une fonction per se, nous sommes nombreux à pratiquer la chefferie de projet à différent degré dans notre job au quotidien ! Cette capacité à nous organiser sans avoir la formation qui convient est facilitée par notre niveau d’études et/ou notre expérience professionnelle. Un apprenant adulte en formation tout au long de la vie n’aura pas la même capacité à planifier ses tâches qu’un étudiant en formation initiale de première année d’études supérieures, ou encore qu’un étudiant de Master ! Selon la nature du public et les attendus en matière de soft skills, vous pourrez demander tous les livrables en un seul bloc, en laissant le soin aux apprenants de s’organiser, ou par étapes détaillées, en leur imposant de respecter un certain rythme.
Latitude

Émettre des hypothèses, envisager des solutions alternatives à un problème… Voilà des aptitudes qui dénotent un degré certain de maturité et d’autonomie.

Une fois de plus, à vous de voir en fonction de votre contexte, si vous préférez baliser le chemin, ou s’il est nécessaire de laisser de nombreuses portes ouvertes !

Guidance Quid des questions posées/des missions exprimées ? Devez-vous être très explicite, en mode questions fermées, semi-fermées ou semi-ouvertes (le verre à moitié plein ou vide, mais le résultat est le même 😄), voire franchement ouvertes, quand il ne s’agit pas de produire des documents mentionnés explicitement ou suggérés ? Le champ des possibles est très large ! On verra ensemble dans un prochain article qu’on peut carrément aller jusqu’à poser nos questions sous forme de QCM !
Modalités de traitement

Les options au niveau des modalités pédagogiques sont infinies ! Alors on ne va pas pouvoir évoquer tous les paramétrages envisageables ! Juste deux petits exemples pour effleurer le champ des possibles 😉…

Traitement individuel ou travail de groupe ? Plein de possibilités… mais qui vont imposer des consignes/aides adaptées ! Une occasion en or d’ajouter l’acquisition de soft skills additionnelles… à condition d’apporter la guidance ad hoc !

Et sur la temporalité, on a évoqué la guidance par étapes, mais ces étapes peuvent aussi se matérialiser par des livrables intermédiaires à des dates fixes, permettant de faire un point global, avec une belle période d’échange et de feed-back. Des éléments à ne pas négliger dans ce type d’exercice !

Technologie Entre le tout papier des concours administratifs ou épreuves de BTS et le tout digital, tant pour les supports d’information, la collaboration, le feedback… que pour les livrables, tous les degrés sont imaginables !
Format des livrables Quand il ne s’agit pas que de répondre à des questions, mais également de produire des documents, ces derniers peuvent être demandés formellement (“rédigez un rapport…”) ou on peut laisser à l’apprenant le soin de déterminer quelle est la meilleure forme à donner à ses productions, pourvu qu’il apporte une réponse au problème posé !
Évaluation

Fil rouge pour expliquer des concepts, en traitant le cas collectivement ? Évaluation formative, pour s’assurer que la théorie est bien un input permettant la montée en compétence ?  Moyen pour le formateur de s’assurer que les compétences sont acquises (évaluation sommative) ? Et qui évalue ? Le formateur, les pairs ? 

Là aussi, le champ des possibles est large !

À noter que la plupart de ces choix ne sont pas binaires, mais peuvent être vus comme un continuum.

Les réglages peuvent dépendre de nombreux critères : la matière, l’utilisation qui en sera faite, le temps dont on dispose…, mais le numéro 1 est à mon sens le public et notamment son âge et son niveau d’études. Cherche-t-on à préparer concrètement à l’exercice imminent d’une profession nécessitant de faire preuve d’autonomie d’esprit d’initiative et d’imagination, ou veut-on sensibiliser au monde professionnel et préparer à une approche opérationnelle des apprenants jusqu’alors essentiellement nourris de savoir théorique ? Bon, là, c’est binaire, je l’admets, mais ce n’est qu’une opposition un peu caricaturale !

Si l’on reprend l’exemple donné dans l’article précédent, on a un cas présentant les caractéristiques suivantes : 

  • Objet : imposé
  • Rôle de l’apprenant : héros
  • Réalisme : réaliste (et non réel)
  • Supports d’information : site web à refondre
  • Complexité : simple
  • Gestion de projet : donnée (étapes imposées pour la réalisation du travail)
  • Latitude : il n’y a pas une bonne solution. Les étudiants peuvent faire preuve de créativité !
  • Guidance : questions ouvertes
  • Modalités de traitement : travail collectif, traitement progressif, feedback
  • Technologie : à tous les étages, des supports d’information aux livrables en passant par les interactions entre étudiants et enseignants !
  • Format des livrables : imposé
  • Évaluation : oui

Donc avec le niveau d’encadrement idéal pour un jeune public démarrant ses études supérieures 😃 !

Bien sûr, ce panorama n’est pas exhaustif. À vous de le compléter ! À retenir : avec l’étude de cas, ton activité peut “être tout ce que tu veux” 😉.

Utiliser une étude de cas dans le cadre d’un projet : refonte d’un site Web en première année d’informatique

Les projets sont de plus en plus souvent utilisés dans le monde de l’enseignement et de la formation, en fil rouge (pédagogie par projet), ou encore en application pratique des connaissances et compétences acquises dans un ou plusieurs cours adoptant une approche plus traditionnelle.

S’ils peuvent parfois être très ouverts, allant jusqu’à laisser aux apprenants le choix du sujet – voire des livrables – dans le respect de certains critères, et à condition que les objectifs pédagogiques soient couverts, ils peuvent également être très cadrés, comme dans l’exemple qui suit.

Pourquoi proposer une étude de cas en guise de projet ? Une petite fiche de présentation vous permettra de mieux comprendre le contexte.

Le contexte

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Module Projet tutoré découverte
Sujet Refonte d’un site Web (reprendre un site Web existant réellement, dont l’url est fournie par les enseignants, pour en proposer une version améliorée).
Public 1ère année de DUT Informatique (ancêtre du BUT – Bachelor Universitaire de Technologie).
Objectif du module Développement des compétences relationnelles et de l’autonomie dans le travail.
Compétences visées Aptitudes à synthétiser l’information écrite et sa présentation orale, Maîtrise de la recherche documentaire, Aptitudes à la synthèse des compétences techniques acquises.
Public 1ère année de DUT Informatique (ancêtre du BUT – Bachelor Universitaire de Technologie).
Modalités Travail de groupe (équipes de 2 à 6 étudiants).
Durée 60 heures de travail personnel par étudiant.
Date Année universitaire 2016/2017 – Premier semestre.
Sujet Refonte d’un site Web (reprendre un site Web existant réellement, dont l’url est fournie par les enseignants, pour en proposer une version améliorée).

Donc, l’activité s’adressait à de jeunes étudiants : 

  • devant gagner en autonomie… mais ayant besoin de cadrage ;
  • au tout début de leurs études – en train d’acquérir les compétences leur permettant de réaliser le projet – donc pas à même de réaliser un projet avec un client externe. Cela imposait de choisir un cas réaliste plutôt que réel.

Du point de vue des profs, le cadrage et le travail sur des cas partiellement fictifs étaient également indispensables pour assurer une homogénéité du suivi et de l’évaluation entre les groupes, sachant que tous n’avaient pas le même encadrant et que le nombre de groupes à suivre nécessitait d’”industrialiser” le processus, pour gagner du temps.

Au-delà des exigences du programme pédagogique national (objectifs pédagogiques, travail de groupe…), je m’étais également fixé les contraintes suivantes :  

  • Pouvoir distinguer les apports individuels dans le travail collectif ;
  • Proposer un exemple. En gros, faire le travail de A à Z pour pouvoir montrer les attendus… et évaluer le temps nécessaire, mieux élaborer les consignes… Ça peut paraître tomber sous le sens, mais dans la vraie vie, combien de formateurs font eux-mêmes, pour chaque sujet produit, le boulot demandé à leurs apprenants ? En l’occurrence, les étudiants avaient un exemple de site avant/après, sous forme de captures d’écran et de vidéos explicatives ;
  • Être limpide sur les critères d’évaluation du livrable final avant la remise du travail, en donnant aux étudiants la grille d’évaluation. 

 

Vous trouverez ci-dessous les éléments essentiels de l’énoncé, qui étaient originellement présentés sous Moodle.

J’espère que ce travail pourra vous être utile ! À défaut d’être repris tel quel, il peut vous donner des idées de transposition à votre contexte personnel 😉.

À bientôt pour un petit point “théorique” avant de repartir sur un nouvel exemple !

Projet tutoré en groupe – Refonte d’un site Web

Sujet : Refonte d’un site Web

Il s’agira de mener à bien, par groupes de 3 à 4 étudiants, un projet consistant à refondre le site web d’un gîte rural ou de chambres d’hôtes, au moyen du framework CSS Bootstrap.

Cette mission impliquera de réaliser un travail sur le fond (recherche d’éléments complémentaires, restructuration – voire réécriture – de l’information) et sur la forme (ergonomie et design du site). 

Les dates des différentes étapes et des remises des livrables étaient spécifiées dès le début du projet.

Étape 1 – Travail préparatoire : analyse, recherches et réflexion préalables

Énoncé

Vous êtes salarié dans une agence Web travaillant essentiellement pour de petites entreprises et collectivités publiques.

Le propriétaire d’un gîte rural de Corrèze vient de vous appeler pour prendre des renseignements sur vos prestations et vous dire qu’il envisage de faire appel à vous pour la refonte de son site Web.

Étant, de toute évidence, dans une première phase d’approche des prestataires envisageables, il ne souhaite pas vous en dire plus pour le moment et vous propose de vous recontacter ultérieurement.

Afin d’être efficace, réactif et force de proposition, vous décidez d’effectuer un travail préparatoire avant cette nouvelle prise de contact.

Livrables

Rapport de 2 à 4 pages

  1. Arborescence

Après une brève analyse de la stratégie potentielle du propriétaire et des besoins de ses clients, vous élaborerez une arborescence prévisionnelle vous semblant appropriée pour un site de ce type. Attention : pas de site « One page » !

  1. Benchmark pour le design

Analysez brièvement les sites de la concurrence (ambiance, couleurs, utilisation d’images, typologie de page, typo, mode de navigation, éléments mis en valeur, …).

Étape 2 – Analyse du site et propositions de refonte

Énoncé

Après la première prise de contact, le propriétaire du gîte a décidé de faire appel aux services de votre agence pour la refonte de son site.

Vous vous voyez confier la réalisation de ce projet.

Lors de votre prochaine réunion avec le client, vous comptez lui présenter vos propositions de contenu structuré, de maquettes basse fidélité et de charte graphique, afin d’obtenir son aval avant de pouvoir procéder à l’implémentation.

Vos activités de la période

  • Prendre connaissance de votre site (url donnée par les encadrants à chaque groupe de projet – les url sont différentes pour chaque groupe de projet, mais les mêmes dans les trois groupes de TD, ce qui veut dire que trois groupes appartenant à trois groupes de TD différents refondent le même site)  et le récupérer
  • Compléter le questionnaire de répartition des tâches
  • Rendre deux devoirs

Livrables

Devoir collectif

Rapport 

  • Le rapport devra comporter une page de garde et un sommaire ;
  • Il sera paginé- 1 page par partie (hors introduction et conclusion).

Contenu

  • Critique de l’existant (fond et forme) sous la forme d’une grille complétée
  • Adaptation, le cas échéant, de l’arborescence prévisionnelle réalisée lors du travail préparatoire (attention : chaque site devra comporter au minimum 3 pages)
  • Éléments de charte graphique pour respecter l’identité du gîte et le type de public visé

Devoir individuel

  • Maquette(s) de votre/vos pages
  • Rédaction et structuration de votre/vos pages (si vous n’êtes pas uniquement responsable des header/nav/footer)

Étape 3 – Production du site final

Énoncé

Votre client vous a donné son aval sur le contenu du site et sur son aspect graphique.

Vous procédez donc à l’implémentation du site revu et corrigé.

Livrables

Site finalisé, monté sur un serveur

Différents stades d’aboutissement sont envisageables. Le degré de complexité conditionnera la note maximale que vous pourrez obtenir.

Un exemple de trois versions d’un site (ou d’une page) est donné dans des vidéos proposées aux étudiants sur la plateforme.

La version choisie (la même pour l’ensemble du travail d’un étudiant) sera spécifiée par chacun lors de la remise du travail.

  • Version 1 : Pages basiques avec Bootstrap : /14
  • Version 2 : Ajout d’une version responsive (pour mobile uniquement) : /17
  • Version 3 : Ajout d’éléments dynamiques (carrousel pour les images de présentation, popup pour le formulaire de réservation…) et/ou esthétiques (boutons réseaux sociaux…), pour celui qui s’occupe du header, footer…: /20

Vous vous verrez attribuer une note collective (pour le site dans son ensemble), ainsi qu’une note individuelle pour votre propre travail.

Une grille précise des critères vous permettant de juger de la qualité de votre travail avant de le soumettre est disponible ci-dessous.

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L’étude de cas : une activité pédagogique à fort potentiel

Activité pédagogique classique dans de nombreuses disciplines : gestion, économie, droit…, le travail sur des cas pratiques a également le vent en poupe en tant qu’”épreuve” pour les candidats à l’embauche. Pour autant, son usage n’est pas aussi systématique qu’on pourrait le penser dans la formation, et reste souvent exclu de certaines matières. 

Voilà pourtant un outil qui ne manque pas d’atouts, par ailleurs extrêmement versatile, autant dans ses modalités que dans ses finalités. Et il s’agit, cerise sur le gâteau, d’ une activité qui peut trouver sa place dans un environnement très digitalisé comme low-tech ! Un argument de poids à l’heure des contradictions entre adaptive learning, IA, réalité virtuelle… d’une part et diminution de notre empreinte écologique d’autre part.

Dans la catégorie “la série de l’été” version pédagogique, je vous propose donc un voyage – subjectif et empirique – dans le pays magique de l’étude de cas pour pimper vos interventions : booster un exercice, illustrer une séquence transmissive…

Mais commençons par le commencement…

Une étude de cas, kezaco ?

On peut définir l’étude de cas comme une activité pédagogique dans laquelle les apprenants sont confrontés à la description d’une situation concrète dans laquelle se pose(nt) un ou plusieurs problème(s) qu’ils vont être invités à résoudre. 

J’ai choisi une définition factuelle et très large pour ne pas commencer à rentrer dans une approche théorique/dogmatique. Ici, on fait de l’opérationnel, comme d’habitude !

Les profs d’économie et gestion voient très bien de quoi il s’agit. Mais l’étude de cas n’est pas pour le moment une activité que l’on trouve dans toutes les disciplines. Et l’acception de ce terme peut également varier d’un domaine à un autre.

Pour que l’on soit sur la même longueur d’onde, je vous invite à aller consulter un exemple d’étude de cas en épreuve de BTS SAM – Collaboration à la gestion des ressources humaines.

Première vue d’ensemble

Ce que vous venez de voir n’est qu’un exemple. Les études de cas peuvent revêtir des formes très différentes.

Elles ont cependant en commun les éléments suivants : 

  • Une situation réelle ou, au moins, réaliste ;
  • Une description (plus ou moins détaillée/complète) du contexte ;
  • Un problème à résoudre/une décision à prendre ;
  • Des documents annexes.

Et pour ce qui concerne les motifs de recours à cet outil en formation, ils sont également variés. 

Il peut notamment s’agir :

  • de mettre en évidence les enjeux d’un sujet ;
  • de servir de fil rouge tout au long d’une séance, voire d’une formation complète ;
  • d’illustrer des contenus théoriques ;
  • d’évaluer des compétences, comme on l’a vu plus haut.

Les études de cas peuvent donc intervenir à tous les stades d’une formation !

De nombreux bénéfices !

L’utilisation des études de cas présente des avantages indéniables, tant pour les apprenants que pour les formateurs :

Booster l’engagement de l’apprenant

  • Rendre les formations moins scolaires, moins académiques ;
  • Varier les approches pédagogiques pour maintenir l’attention ;
  • Jouer sur l’identification/l’empathie, donc sur l’émotion, pour susciter l’adhésion.

Améliorer l’efficacité de l’apprentissage

  • Adapter l’apprentissage aux différents profils d’apprenants ;
  • Améliorer la rétention ;
  • Changer la relation au formateur, avec une ambiance plus détendue et un positionnement moins vertical (sortir du schéma sachant/apprenant).

Élargir la montée en compétence

  • Faire acquérir des compétences transférables sur le marché du travail plus que des connaissances ;
  • Présenter les réalités du monde professionnel ;
  • Développer l’esprit analytique, la capacité à prendre des décisions et à résoudre des problèmes, l’esprit de synthèse et la créativité.

Un outil très versatile et enrichissant pour le formateur

  • Utilisation en présentiel ou en distanciel, avec beaucoup de technologie comme sans aucun moyen technique ;
  • Changement de rôle, de professeur à facilitateur/accompagnateur/conseiller : plus d’adaptation au public et moins de tâches routinières.

Intérêt et efficacité pour tout le monde ! Que demander de plus ?

“OK, super, je suis convaincu” – oui, vous êtes nécessairement convaincu 😁 – “mais j’aimerais bien qu’on passe à l’application concrète ! “.

Pas de problème ! Ce sera l’objet de l’article suivant : étudier un premier cas… d’étude de cas ! Stay tuned !

Illustration : Image by vectorjuice on Freepik