Quand une étude de cas est utilisée comme épreuve d’examen, susciter l’engagement de l’apprenant est une préoccupation secondaire. De toute façon, il est captif ! Mais quand le cas est au cœur de l’apprentissage, par exemple dans le cadre d’une pédagogie par projet, lui donner envie de traiter le travail est essentiel pour garantir son implication !

Dans mon dernier article sur l’étude de cas, j’avais partagé cinq conseils pour un cas réussi parmi lesquels “Créez un roman pédagogique clair, réaliste et immersif”. 

Aujourd’hui, on s’intéresse à un élément clé du roman : ses personnages !

Pourquoi étoffer les personnages ?

Que sait-on, en règle générale, des personnes que l’on est censé aider à résoudre un problème dans le cadre d’une étude de cas ? Pas grand chose… Leur nom – très souvent un vilain jeu de mot façon Monsieur et Madame X ont un fils/une fille… – et les informations indispensables pour pouvoir traiter le cas. Fin de l’histoire. Est-ce que ça donne envie de les aider ? Pas vraiment.

Donner un peu d’épaisseur au personnage va permettre de jouer sur l’identification ou l’empathie qu’il va provoquer chez l’apprenant, pour lui donner envie de résoudre son problème.

Construire une fiche de présentation

Il ne s’agit pas cependant de passer trop de temps à bâtir nos personnages !

L’idée va être ici de transposer la technique des personas pour « industrialiser » notre processus de création et travailler plus rapidement.

De quoi s’agit-il ? Dans certains domaines, comme le marketing, l’UX design… on crée des archétypes représentant les cibles du message ou du produit. Cela permet de concevoir quelque chose qui réponde au besoin de l’utilisateur, dont on identifie clairement les spécificités, motivations et contraintes. Sauf qu’ici, ce n’est pas l’audience de notre formation, mais le sujet de l’étude que l’on va décrire au moyen d’une fiche persona.

Une proposition de format

Petite remarque concernant la photo : c’est un élément très important pour donner vie au personnage. Je vous recommande l’utilisation de ce site pour générer gratuitement de fausses photos d’identité : https://thispersondoesnotexist.com/. La technique ? Rafraîchir la page jusqu’à trouver son bonheur.

Quels critères de choix pour les caractéristiques du personnage ?

L’audience

Si votre formation porte sur des soft skills, de la méthodologie… Il est logique d’avoir des sujets d’étude de cas correspondant à l’audience. Par exemple, s’il s’agit d’apprendre à des étudiants à faire leur CV, les personnages seront des étudiants, et si l’on s’adresse à un public d’adultes en reconversion professionnelle, ce seront… des adultes en reconversion ! Dans ce cas, on recherchera une identification des apprenants au personnage, pour favoriser la transposition de la solution proposée à leur propre cas.

Le thème

Le personnage doit être crédible en tant que sujet de la formation, même s’il s’écarte de la composition de l’audience.  Ainsi, dans une formation de comptabilité agricole, le personnage devra être agriculteur/trice et un avoir un âge plausible au regard de la gestion d’une exploitation, même si les apprenants sont des jeunes vivant en milieu urbain.  Dans cette configuration, on jouera davantage sur l’empathie que sur l’identification pour susciter l’intérêt du public.

Le réalisme

Photo, prénom, biographie, objectifs, loisirs… Tous les éléments proposés doivent paraître sortis de la “vraie vie” et être cohérents entre eux. Même si les personnages ne doivent pas devenir une moyenne au point qu’ils en perdent toute épaisseur, il vaut mieux éviter de créer des ovnis.

Des sources d’inspiration ? La famille, les amis, les médias… et les réseaux sociaux !

Quel degré de détail ?

Le challenge : trouver la bonne balance pour que le personnage ait suffisamment d’existence sans noyer l’apprenant sous des détails insignifiants qui peuvent détourner son attention du travail à accomplir. Pour ça, pas de recette miracle : c’est une question d’appréciation. Mais attention ! Vous n’êtes pas obligé de donner toutes les informations d’un bloc ! Votre fiche persona est un outil de travail pour vous, pas un document destiné à être fourni tel quel à l’apprenant. Ces infos, vous allez pouvoir les distiller au fur et à mesure de l’avancement du cas, voire en garder sous le coude pour plus tard, si ce persona devient un personnage récurrent de vos scénarios pédagogiques.

 

Personnellement, je trouve cet exercice très amusant, mais si vous manquez un peu d’imagination – ou pour gagner encore plus de temps – Chat GPT ou Bard pourront vous apporter une aide précieuse  😉 !