Former et étudier avec le numérique dans le supérieur

Mois : septembre 2023

Et si on redécouvrait les avantages des applis de présentation ?

La plupart des présentations/soutenances auxquelles j’ai assisté ces derniers mois étaient “propulsées” par Genially ou Canva. Alors OK, ça donne quelque chose qui « claque », mais est-ce là la qualité numéro un d’un support de présentation ? Je ne pense pas. Et je ne suis pas la seule visiblement.

 

Si vous allez, par exemple, faire un tour sur les MOOCs de Google sur Coursera, ou encore dans les cours de la Moodle Academy, pour ne citer que ces deux exemples d’organismes qu’on ne peut pas suspecter d’incompétence numérique, vous remarquerez que la sobriété prime dans les présentations qui illustrent les vidéos.

Slide très sobre

Slide extraite du cours Google Project Initiation: Starting a Successful Project sur Coursera

Slide très sobre

Slide extraite du cours Introduction to Accessibility de Moodle Academy

 

 

 

 

 

 

Vous noterez aussi que les animations des supports sont faites en animant les éléments ou en les faisant apparaître, et pas en utilisant des zones cliquables pour approfondir le contenu. Avec quels outils ces supports ont-ils été réalisés ? Aucune idée ! Mais une chose est certaine : vous mettrez peu de temps à obtenir ce résultat avec un bon vieux PowerPoint ou équivalent !

Petit rappel de ce que l’on attend d’un support de présentation

Avant tout d’être lisible ! Indispensable pour tout votre public qui peut, de surcroît, inclure des personnes en situation de handicap visuel. Ce qui signifie : 

  • Éviter les association de couleurs n’offrant pas un contraste suffisant ;
  • Écrire assez gros ;
  • Utiliser des polices de caractère adaptées ;
  • Éviter de surcharger les slides.

Ensuite, vous devez permettre à l’auditoire de se concentrer sur vos propos, pas le conduire à lire au lieu de vous écouter… ni à admirer la beauté de la forme ! Ce qui signifie : 

  • Ne faire figurer que l’essentiel ;
  • Ne rien rédiger ;
  • Ne pas utiliser trop de texte ;
  • Privilégier les représentations graphiques.

Un support de présentation n’a pas vocation à se substituer au discours. Il est là pour l’accompagner. Vouloir faire du deux en un en concevant une présentation qui doit pouvoir être lue et comprise en totale autonomie est complètement illusoire. Qui trop embrasse mal étreint aurait dit ma grand-mère. Les proverbes et dictons populaires sont généralement pleins de bon sens 😄 !

Les atouts des applis de présentation “classiques”

Soyons clairs et honnêtes : par rapport aux applis multifonction en ligne, les applis/logiciels “classiques” de présentation offrent moins de templates, moins de beaux designs contemporains, moins – voire pas – de photos libres de droit… mais quelle utilité, en définitive au regard des critères mentionnés plus haut ?

Quant à l’interactivité du lecteur avec le support que permet Genially, quel intérêt si le support n’est pas consulté en direct, mais présenté par un orateur ? En cas d’utilisation d’un écran tactile uniquement…

Alors oui, ces produits sont plus longs à prendre en main (à l’exception de Google Slides), mais tellement plus efficaces une fois maîtrisés ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont conçus pour faire… des présentations, et rien d’autre.

Les atouts, donc ? 

  • Liberté de paramétrage des styles, des masques de diapositives, pour un template réemployable tel quel, ou intégralement modifié en quelques clics ;
  • Fonctionnement offline ;
  • Plus de fonctionnalités pour les modalités de présentation en elles-mêmes ;
  • Plus adaptés à la collaboration (dans l’univers professionnel, vous allez trouver un maximum d’utilisateurs des écosystèmes Microsoft ou Google…) ;
  • Intégralement gratuits si, comme moi, vous privilégiez Google Slides et LibreOffice Impress ;
  • Sans s’exposer aux risques des applis freemium en ligne : être captif d’un outil qui peut, un jour ne plus être gratuit, ou dont on ne peut pas éditer le format qui a été exporté.

Là, vous allez me dire “OK Boomer”. Alors, sachez que j’utilise Canva ! Pour mes cartes de visites, mes flyers… mais pas pour mes présentations 😉 !

Les atouts du e-learning asynchrone

Dans la France de la formation post-covid, les problèmes de rejet du e-learning ont rapidement conduit à un essor du blended learning présenté comme la panacée : la combinaison de distanciel en autonomie/présentiel ou classes virtuelles synchrones, ou encore l’adoption d’un tutorat ou mentorat synchrone individualisé… Et certains vouent le full distanciel asynchrone aux gémonies, parce que pas assez humain, pas assez cadré, pas assez engageant… Alors, certes, laissés à eux-mêmes, de nombreux apprenants baissent les bras. Mais faut-il pour autant priver ceux qui apprécient la liberté et l’autonomie d’une modalité de formation qui correspond à leur besoin ?

En fait, il n’y a pas de règle générale concernant ce qui est bien et ce qui ne l’est pas ! L’utilisation du digital en formation permet précisément de mettre l’apprenant au cœur de son apprentissage et de lui laisser choisir les modalités qui lui conviennent… à condition toutefois que la multimodalité soit proposée

Le digital learning en distanciel est très adapté à certains publics, certains types d’études… Les avantages qu’il présente (travailler à son rythme, quand on peut, où que l’on soit…) en font un outil idéal pour des apprenants ayant des contraintes professionnelles et/ou familiales, à condition que ces personnes soient mûres, motivées et dans un environnement personnel adéquat. On peut d’ailleurs noter que de nombreuses entreprises ont mis en place leurs académies digitales internes sur ce modèle.

Et puis distanciel asynchrone ne veut pas dire absence d’humanité ! J’aime citer le programme postgraduate de l’université d’Édimbourg comme un modèle d’engagement distanciel, asynchrone… et néanmoins social. Comment ? En mettant les partages d’expériences et discussions des apprenants sur des forums au cœur de la formation et en proposant des expériences collectives synchrones… optionnelles, avec le choix de plusieurs créneaux horaires/dates alternatifs pour y participer. Une modalité très adaptée au public de la formation : essentiellement des professionnels en activité situés sur des fuseaux horaires différents.

En matière de multimodalité comme d’offre en full distanciel, l’enseignement supérieur britannique est très en avance sur la France ! J’ai été très surprise de voir encore récemment, dans notre beau pays, une formation de master présentée comme “à distance” et décrite plus loin en ces termes : “Formation complète 100% en ligne + regroupement en présence”. 100% en ligne, ça devrait bien représenter 0% en présentiel, non ?

Alors oui, certains ont besoin d’interaction IRL avec leurs formateurs et les autres apprenants, d’autres ne sont pas à l’aise avec la technologie, ou encore ne bénéficient pas d’une connexion internet de qualité. Ces personnes préféreront certainement des formations hybrides. Les campus connectés peuvent également être une très bonne opportunité pour de jeunes apprenants ou des adultes ayant besoin de soutien, d’étudier à distance dans leur région tout en étant inclus dans une structure.

Mais par pitié, à moins que cela ne soit nécessité par le domaine d’étude (des travaux pratiques, des visites d’entreprises…), permettez à vos apprenants d’éviter des classes virtuelles à des heures improbables, des regroupements sur site ayant pour unique prétexte la cohésion de groupe, ou encore des examens en présentiels pour plancher papier/stylo sous l’œil d’un surveillant qui déambule dans les rangs ! Si vous avez opté pour des modalités d’évaluation qui doivent être synchrones et sans document/communication autorisés, sachez qu’il existe des possibilités de surveillance à distance qui dispenseront au moins vos apprenants de devoir se déplacer, leur épargnant ainsi les contraintes et les coûts que cela implique.

5 conseils pour concevoir une étude de cas réussie !

Quoique l’étude de cas soit un outil extrêmement versatile, utilisable dans des contextes variés, face à des publics très différents et pouvant être “paramétrée” de nombreuses façons, on peut quand même dégager des conseils génériques qui s’appliquent à toutes les situations. Suivez le guide !

1. Trouvez un vrai cas professionnel adapté à votre besoin

Choisissez un contexte que vous connaissez personnellement, ou dans lequel des proches évoluent, pour connaître les us et coutumes du secteur. L’idéal est de partir de situations et de documents réels.

2. Créez un roman pédagogique clair, réaliste et immersif

Un challenge : soyez réaliste, mais évitez trop de détails pour limiter la surcharge cognitive et bien mettre le focus sur les éléments pertinents au regard des objectifs pédagogiques. La balance dépend du niveau des apprenants : faut-il leur simplifier la tâche, ou doivent-ils être capables de faire un tri dans les informations fournies ? Et n’oubliez pas la temporalité, pour ancrer votre histoire dans l’époque : des dates précises, la référence à de vrais sujets d’actualité permettent d’accentuer le caractère réaliste de l’histoire.

Pour la narration, il est important de bien structurer le récit et de mettre en valeur le problème rencontré. Par ailleurs, comme dans un bon roman, développer les protagonistes, être clair sur leurs motivations, contribuera à l’immersion de l’apprenant dans le cas, et donc à son envie de le traiter ! Rendez-vous au Learning Show 2023 pour mon atelier sur ce thème 😀… et bientôt dans ce blog pour plus de développements !

Quelques conseils supplémentaires : choisissez un titre explicite, écrivez au présent et présentez les éléments dans l’ordre chronologique.

3. Guidez vos apprenants… tout en leur laissant une marge de manœuvre

Un roman, oui, mais dont l’apprenant est le héros ! Super-student doit savoir pourquoi on lui demande ce travail et ce que l’on attend de lui. Est-ce que cela signifie qu’il faut tout millimétrer ? Certainement pas ! Une fois de plus, cela dépend du public et du contexte de la formation ! D’ailleurs, laisser de la latitude aux apprenants dans le choix du sujet d’étude, de la solution proposée, de la nature des livrables va développer leur autonomie et accroître leur motivation… tout en évitant le plagiat au sein d’un même groupe ou d’une session à l’autre. Mais soyez clair dans vos consignes sur le périmètre de leurs choix !

4. Diversifiez les supports d’information

Proposez des inputs de forme et de nature différentes : données brutes, documents travaillés (articles, rapports…), pdf, images, son, vidéo… dans les limites techniques imposées par le contexte. Les bénéfices de cette diversité sont nombreux : intérêt pédagogique, réalisme, mais également adaptation des supports aux besoins des étudiants, notamment de ceux en situation de handicap. Et n’oubliez pas que vous pouvez également solliciter vos apprenants pour rechercher des informations complémentaires !

5. Produisez une note pédagogique pour documenter l’exercice

Comment utiliser le cas ? Quelles consignes doivent être données à l’oral ? Quels apports théoriques à tel ou tel moment ? Durée et modalités du feed-back ? Questions/réponses attendues…? Des éléments très clairs pour vous au moment de la conception, mais pas pour des collègues qui vont travailler avec vous… ni pour le “vous” de l’année prochaine ! Et, tant qu’à faire, pensez à prendre des notes sur ce document après le traitement du cas par vos apprenants, dans une optique d’amélioration continue.

Fin de l’histoire ? Que nenni ! En plus des correctifs à apporter suite aux résultats et retours des parties prenantes, il faudra mettre à jour régulièrement les documents pour les actualiser… et penser aussi à les mettre “au frais” pour faire tourner vos sujets !