Former et étudier avec le numérique dans le supérieur

Auteur/autrice : Catherine Coudray (Page 2 of 3)

Paramétrer une étude de cas

L’étude de cas a vu le jour à Harvard, au 19e siècle, pour l’enseignement du droit. Pas d’innovation pédagogique en perspective, donc, me direz-vous ! Erreur ! Si l’on s’en tient à une définition très large d’une activité pédagogique dans laquelle les apprenants sont confrontés à la description d’une situation concrète dans laquelle se pose(nt) un ou plusieurs problème(s) qu’ils vont être invités à résoudre, de nombreux “paramétrages” sont envisageables.

Paramètre Réglage
Objet Les acteurs et le scénario peuvent être imposés, mais vous pouvez également laisser une marge de manœuvre aux apprenants, notamment dans le choix des acteurs. Dans le cas vu dans l’article précédent, il aurait été possible de les laisser sélectionner le gîte rural dont ils souhaitaient refondre le site. Cela aurait, en revanche, nécessité de donner des critères à respecter de façon à ce que le travail démontre bien l’acquisition des compétences. Pour la même raison, une validation de la part des enseignants aurait été utile.
Rôle de l’apprenant L’histoire peut être totalement extérieure à l’apprenant, auquel cas ce dernier apportera une liste de conseils distanciés, ou l’impliquer en tant qu’acteur. Dans cette hypothèse, il pourra travailler pour l’entreprise objet du cas en tant que salarié, consultant…
Réalisme L’étude de cas se distingue, par son essence même, d’une approche exclusivement théorique, il faut donc à tout prix éviter qu’elle soit hors-sol ! L’étude de cas doit montrer ce qui se passe “dans la vraie vie”. Alors oui, on peut inventer la situation pour différentes raisons : par exemple parce que les informations dont on dispose sur des cas réels sont  confidentielles, ou encore parce que l’on n’a pas sous la main un cas réel suffisamment d’actualité pour lequel on dispose de tous les documents dont on a besoin… Mais les cas inventés doivent être réalistes : inspirés d’expériences vécues, ou, au moins, de seconde main (cas des banques d’études de cas), mais pas issues des dires d’un copain qui a un copain qui a un copain qui connaît quelqu’un qui…
Supports d’information

Peut-on réellement qualifier d’études de cas des questions un peu pratiques, sans plus d’information ?

Difficile de décider arbitrairement de l’endroit où l’on place le curseur entre un exercice du style problème de maths à l’ancienne (“Un agriculteur produit des bottes de paille parallélépipédiques, etc…”) et une “étude de cas”… Cependant, pour apporter l’authenticité mentionnée plus haut, il est important de planter un vrai décor. Les annexes, quelle que soit leur forme (textes, tableaux, graphiques, audio, vidéo…), sont une part essentielle de cet exercice. À vous de faire les bons choix en ce qui concerne leur nature et la quantité des supports ! Et pourquoi pas, lorsqu’il s’agit d’un cas réel, confier aux apprenants la mission de mener des recherches pour se procurer les informations manquantes ?

Complexité Si un cas réaliste est nécessairement bâti en fonction des objectifs pédagogiques et du profil des apprenants, il n’en est pas de même d’un cas réel. Pour autant, rien n’impose, évidemment, de détailler l’intégralité de la situation, ni de fournir tous les documents annexes in extenso. Il appartient au formateur de “styliser” certaines informations et de simplifier la description des situations ou problématiques pour adapter le cas à l’audience et faire ressortir les éléments essentiels au regard de la situation d’apprentissage considérée !
Gestion de projet Quoique chef de projet soit une fonction per se, nous sommes nombreux à pratiquer la chefferie de projet à différent degré dans notre job au quotidien ! Cette capacité à nous organiser sans avoir la formation qui convient est facilitée par notre niveau d’études et/ou notre expérience professionnelle. Un apprenant adulte en formation tout au long de la vie n’aura pas la même capacité à planifier ses tâches qu’un étudiant en formation initiale de première année d’études supérieures, ou encore qu’un étudiant de Master ! Selon la nature du public et les attendus en matière de soft skills, vous pourrez demander tous les livrables en un seul bloc, en laissant le soin aux apprenants de s’organiser, ou par étapes détaillées, en leur imposant de respecter un certain rythme.
Latitude

Émettre des hypothèses, envisager des solutions alternatives à un problème… Voilà des aptitudes qui dénotent un degré certain de maturité et d’autonomie.

Une fois de plus, à vous de voir en fonction de votre contexte, si vous préférez baliser le chemin, ou s’il est nécessaire de laisser de nombreuses portes ouvertes !

Guidance Quid des questions posées/des missions exprimées ? Devez-vous être très explicite, en mode questions fermées, semi-fermées ou semi-ouvertes (le verre à moitié plein ou vide, mais le résultat est le même 😄), voire franchement ouvertes, quand il ne s’agit pas de produire des documents mentionnés explicitement ou suggérés ? Le champ des possibles est très large ! On verra ensemble dans un prochain article qu’on peut carrément aller jusqu’à poser nos questions sous forme de QCM !
Modalités de traitement

Les options au niveau des modalités pédagogiques sont infinies ! Alors on ne va pas pouvoir évoquer tous les paramétrages envisageables ! Juste deux petits exemples pour effleurer le champ des possibles 😉…

Traitement individuel ou travail de groupe ? Plein de possibilités… mais qui vont imposer des consignes/aides adaptées ! Une occasion en or d’ajouter l’acquisition de soft skills additionnelles… à condition d’apporter la guidance ad hoc !

Et sur la temporalité, on a évoqué la guidance par étapes, mais ces étapes peuvent aussi se matérialiser par des livrables intermédiaires à des dates fixes, permettant de faire un point global, avec une belle période d’échange et de feed-back. Des éléments à ne pas négliger dans ce type d’exercice !

Technologie Entre le tout papier des concours administratifs ou épreuves de BTS et le tout digital, tant pour les supports d’information, la collaboration, le feedback… que pour les livrables, tous les degrés sont imaginables !
Format des livrables Quand il ne s’agit pas que de répondre à des questions, mais également de produire des documents, ces derniers peuvent être demandés formellement (“rédigez un rapport…”) ou on peut laisser à l’apprenant le soin de déterminer quelle est la meilleure forme à donner à ses productions, pourvu qu’il apporte une réponse au problème posé !
Évaluation

Fil rouge pour expliquer des concepts, en traitant le cas collectivement ? Évaluation formative, pour s’assurer que la théorie est bien un input permettant la montée en compétence ?  Moyen pour le formateur de s’assurer que les compétences sont acquises (évaluation sommative) ? Et qui évalue ? Le formateur, les pairs ? 

Là aussi, le champ des possibles est large !

À noter que la plupart de ces choix ne sont pas binaires, mais peuvent être vus comme un continuum.

Les réglages peuvent dépendre de nombreux critères : la matière, l’utilisation qui en sera faite, le temps dont on dispose…, mais le numéro 1 est à mon sens le public et notamment son âge et son niveau d’études. Cherche-t-on à préparer concrètement à l’exercice imminent d’une profession nécessitant de faire preuve d’autonomie d’esprit d’initiative et d’imagination, ou veut-on sensibiliser au monde professionnel et préparer à une approche opérationnelle des apprenants jusqu’alors essentiellement nourris de savoir théorique ? Bon, là, c’est binaire, je l’admets, mais ce n’est qu’une opposition un peu caricaturale !

Si l’on reprend l’exemple donné dans l’article précédent, on a un cas présentant les caractéristiques suivantes : 

  • Objet : imposé
  • Rôle de l’apprenant : héros
  • Réalisme : réaliste (et non réel)
  • Supports d’information : site web à refondre
  • Complexité : simple
  • Gestion de projet : donnée (étapes imposées pour la réalisation du travail)
  • Latitude : il n’y a pas une bonne solution. Les étudiants peuvent faire preuve de créativité !
  • Guidance : questions ouvertes
  • Modalités de traitement : travail collectif, traitement progressif, feedback
  • Technologie : à tous les étages, des supports d’information aux livrables en passant par les interactions entre étudiants et enseignants !
  • Format des livrables : imposé
  • Évaluation : oui

Donc avec le niveau d’encadrement idéal pour un jeune public démarrant ses études supérieures 😃 !

Bien sûr, ce panorama n’est pas exhaustif. À vous de le compléter ! À retenir : avec l’étude de cas, ton activité peut “être tout ce que tu veux” 😉.

Utiliser une étude de cas dans le cadre d’un projet : refonte d’un site Web en première année d’informatique

Les projets sont de plus en plus souvent utilisés dans le monde de l’enseignement et de la formation, en fil rouge (pédagogie par projet), ou encore en application pratique des connaissances et compétences acquises dans un ou plusieurs cours adoptant une approche plus traditionnelle.

S’ils peuvent parfois être très ouverts, allant jusqu’à laisser aux apprenants le choix du sujet – voire des livrables – dans le respect de certains critères, et à condition que les objectifs pédagogiques soient couverts, ils peuvent également être très cadrés, comme dans l’exemple qui suit.

Pourquoi proposer une étude de cas en guise de projet ? Une petite fiche de présentation vous permettra de mieux comprendre le contexte.

Le contexte

Header 1 Header 2
   
Module Projet tutoré découverte
Sujet Refonte d’un site Web (reprendre un site Web existant réellement, dont l’url est fournie par les enseignants, pour en proposer une version améliorée).
Public 1ère année de DUT Informatique (ancêtre du BUT – Bachelor Universitaire de Technologie).
Objectif du module Développement des compétences relationnelles et de l’autonomie dans le travail.
Compétences visées Aptitudes à synthétiser l’information écrite et sa présentation orale, Maîtrise de la recherche documentaire, Aptitudes à la synthèse des compétences techniques acquises.
Public 1ère année de DUT Informatique (ancêtre du BUT – Bachelor Universitaire de Technologie).
Modalités Travail de groupe (équipes de 2 à 6 étudiants).
Durée 60 heures de travail personnel par étudiant.
Date Année universitaire 2016/2017 – Premier semestre.
Sujet Refonte d’un site Web (reprendre un site Web existant réellement, dont l’url est fournie par les enseignants, pour en proposer une version améliorée).

Donc, l’activité s’adressait à de jeunes étudiants : 

  • devant gagner en autonomie… mais ayant besoin de cadrage ;
  • au tout début de leurs études – en train d’acquérir les compétences leur permettant de réaliser le projet – donc pas à même de réaliser un projet avec un client externe. Cela imposait de choisir un cas réaliste plutôt que réel.

Du point de vue des profs, le cadrage et le travail sur des cas partiellement fictifs étaient également indispensables pour assurer une homogénéité du suivi et de l’évaluation entre les groupes, sachant que tous n’avaient pas le même encadrant et que le nombre de groupes à suivre nécessitait d’”industrialiser” le processus, pour gagner du temps.

Au-delà des exigences du programme pédagogique national (objectifs pédagogiques, travail de groupe…), je m’étais également fixé les contraintes suivantes :  

  • Pouvoir distinguer les apports individuels dans le travail collectif ;
  • Proposer un exemple. En gros, faire le travail de A à Z pour pouvoir montrer les attendus… et évaluer le temps nécessaire, mieux élaborer les consignes… Ça peut paraître tomber sous le sens, mais dans la vraie vie, combien de formateurs font eux-mêmes, pour chaque sujet produit, le boulot demandé à leurs apprenants ? En l’occurrence, les étudiants avaient un exemple de site avant/après, sous forme de captures d’écran et de vidéos explicatives ;
  • Être limpide sur les critères d’évaluation du livrable final avant la remise du travail, en donnant aux étudiants la grille d’évaluation. 

 

Vous trouverez ci-dessous les éléments essentiels de l’énoncé, qui étaient originellement présentés sous Moodle.

J’espère que ce travail pourra vous être utile ! À défaut d’être repris tel quel, il peut vous donner des idées de transposition à votre contexte personnel 😉.

À bientôt pour un petit point “théorique” avant de repartir sur un nouvel exemple !

Projet tutoré en groupe – Refonte d’un site Web

Sujet : Refonte d’un site Web

Il s’agira de mener à bien, par groupes de 3 à 4 étudiants, un projet consistant à refondre le site web d’un gîte rural ou de chambres d’hôtes, au moyen du framework CSS Bootstrap.

Cette mission impliquera de réaliser un travail sur le fond (recherche d’éléments complémentaires, restructuration – voire réécriture – de l’information) et sur la forme (ergonomie et design du site). 

Les dates des différentes étapes et des remises des livrables étaient spécifiées dès le début du projet.

Étape 1 – Travail préparatoire : analyse, recherches et réflexion préalables

Énoncé

Vous êtes salarié dans une agence Web travaillant essentiellement pour de petites entreprises et collectivités publiques.

Le propriétaire d’un gîte rural de Corrèze vient de vous appeler pour prendre des renseignements sur vos prestations et vous dire qu’il envisage de faire appel à vous pour la refonte de son site Web.

Étant, de toute évidence, dans une première phase d’approche des prestataires envisageables, il ne souhaite pas vous en dire plus pour le moment et vous propose de vous recontacter ultérieurement.

Afin d’être efficace, réactif et force de proposition, vous décidez d’effectuer un travail préparatoire avant cette nouvelle prise de contact.

Livrables

Rapport de 2 à 4 pages

  1. Arborescence

Après une brève analyse de la stratégie potentielle du propriétaire et des besoins de ses clients, vous élaborerez une arborescence prévisionnelle vous semblant appropriée pour un site de ce type. Attention : pas de site « One page » !

  1. Benchmark pour le design

Analysez brièvement les sites de la concurrence (ambiance, couleurs, utilisation d’images, typologie de page, typo, mode de navigation, éléments mis en valeur, …).

Étape 2 – Analyse du site et propositions de refonte

Énoncé

Après la première prise de contact, le propriétaire du gîte a décidé de faire appel aux services de votre agence pour la refonte de son site.

Vous vous voyez confier la réalisation de ce projet.

Lors de votre prochaine réunion avec le client, vous comptez lui présenter vos propositions de contenu structuré, de maquettes basse fidélité et de charte graphique, afin d’obtenir son aval avant de pouvoir procéder à l’implémentation.

Vos activités de la période

  • Prendre connaissance de votre site (url donnée par les encadrants à chaque groupe de projet – les url sont différentes pour chaque groupe de projet, mais les mêmes dans les trois groupes de TD, ce qui veut dire que trois groupes appartenant à trois groupes de TD différents refondent le même site)  et le récupérer
  • Compléter le questionnaire de répartition des tâches
  • Rendre deux devoirs

Livrables

Devoir collectif

Rapport 

  • Le rapport devra comporter une page de garde et un sommaire ;
  • Il sera paginé- 1 page par partie (hors introduction et conclusion).

Contenu

  • Critique de l’existant (fond et forme) sous la forme d’une grille complétée
  • Adaptation, le cas échéant, de l’arborescence prévisionnelle réalisée lors du travail préparatoire (attention : chaque site devra comporter au minimum 3 pages)
  • Éléments de charte graphique pour respecter l’identité du gîte et le type de public visé

Devoir individuel

  • Maquette(s) de votre/vos pages
  • Rédaction et structuration de votre/vos pages (si vous n’êtes pas uniquement responsable des header/nav/footer)

Étape 3 – Production du site final

Énoncé

Votre client vous a donné son aval sur le contenu du site et sur son aspect graphique.

Vous procédez donc à l’implémentation du site revu et corrigé.

Livrables

Site finalisé, monté sur un serveur

Différents stades d’aboutissement sont envisageables. Le degré de complexité conditionnera la note maximale que vous pourrez obtenir.

Un exemple de trois versions d’un site (ou d’une page) est donné dans des vidéos proposées aux étudiants sur la plateforme.

La version choisie (la même pour l’ensemble du travail d’un étudiant) sera spécifiée par chacun lors de la remise du travail.

  • Version 1 : Pages basiques avec Bootstrap : /14
  • Version 2 : Ajout d’une version responsive (pour mobile uniquement) : /17
  • Version 3 : Ajout d’éléments dynamiques (carrousel pour les images de présentation, popup pour le formulaire de réservation…) et/ou esthétiques (boutons réseaux sociaux…), pour celui qui s’occupe du header, footer…: /20

Vous vous verrez attribuer une note collective (pour le site dans son ensemble), ainsi qu’une note individuelle pour votre propre travail.

Une grille précise des critères vous permettant de juger de la qualité de votre travail avant de le soumettre est disponible ci-dessous.

Illustration : Image by vectorjuice on Freepik

L’étude de cas : une activité pédagogique à fort potentiel

Activité pédagogique classique dans de nombreuses disciplines : gestion, économie, droit…, le travail sur des cas pratiques a également le vent en poupe en tant qu’”épreuve” pour les candidats à l’embauche. Pour autant, son usage n’est pas aussi systématique qu’on pourrait le penser dans la formation, et reste souvent exclu de certaines matières. 

Voilà pourtant un outil qui ne manque pas d’atouts, par ailleurs extrêmement versatile, autant dans ses modalités que dans ses finalités. Et il s’agit, cerise sur le gâteau, d’ une activité qui peut trouver sa place dans un environnement très digitalisé comme low-tech ! Un argument de poids à l’heure des contradictions entre adaptive learning, IA, réalité virtuelle… d’une part et diminution de notre empreinte écologique d’autre part.

Dans la catégorie “la série de l’été” version pédagogique, je vous propose donc un voyage – subjectif et empirique – dans le pays magique de l’étude de cas pour pimper vos interventions : booster un exercice, illustrer une séquence transmissive…

Mais commençons par le commencement…

Une étude de cas, kezaco ?

On peut définir l’étude de cas comme une activité pédagogique dans laquelle les apprenants sont confrontés à la description d’une situation concrète dans laquelle se pose(nt) un ou plusieurs problème(s) qu’ils vont être invités à résoudre. 

J’ai choisi une définition factuelle et très large pour ne pas commencer à rentrer dans une approche théorique/dogmatique. Ici, on fait de l’opérationnel, comme d’habitude !

Les profs d’économie et gestion voient très bien de quoi il s’agit. Mais l’étude de cas n’est pas pour le moment une activité que l’on trouve dans toutes les disciplines. Et l’acception de ce terme peut également varier d’un domaine à un autre.

Pour que l’on soit sur la même longueur d’onde, je vous invite à aller consulter un exemple d’étude de cas en épreuve de BTS SAM – Collaboration à la gestion des ressources humaines.

Première vue d’ensemble

Ce que vous venez de voir n’est qu’un exemple. Les études de cas peuvent revêtir des formes très différentes.

Elles ont cependant en commun les éléments suivants : 

  • Une situation réelle ou, au moins, réaliste ;
  • Une description (plus ou moins détaillée/complète) du contexte ;
  • Un problème à résoudre/une décision à prendre ;
  • Des documents annexes.

Et pour ce qui concerne les motifs de recours à cet outil en formation, ils sont également variés. 

Il peut notamment s’agir :

  • de mettre en évidence les enjeux d’un sujet ;
  • de servir de fil rouge tout au long d’une séance, voire d’une formation complète ;
  • d’illustrer des contenus théoriques ;
  • d’évaluer des compétences, comme on l’a vu plus haut.

Les études de cas peuvent donc intervenir à tous les stades d’une formation !

De nombreux bénéfices !

L’utilisation des études de cas présente des avantages indéniables, tant pour les apprenants que pour les formateurs :

Booster l’engagement de l’apprenant

  • Rendre les formations moins scolaires, moins académiques ;
  • Varier les approches pédagogiques pour maintenir l’attention ;
  • Jouer sur l’identification/l’empathie, donc sur l’émotion, pour susciter l’adhésion.

Améliorer l’efficacité de l’apprentissage

  • Adapter l’apprentissage aux différents profils d’apprenants ;
  • Améliorer la rétention ;
  • Changer la relation au formateur, avec une ambiance plus détendue et un positionnement moins vertical (sortir du schéma sachant/apprenant).

Élargir la montée en compétence

  • Faire acquérir des compétences transférables sur le marché du travail plus que des connaissances ;
  • Présenter les réalités du monde professionnel ;
  • Développer l’esprit analytique, la capacité à prendre des décisions et à résoudre des problèmes, l’esprit de synthèse et la créativité.

Un outil très versatile et enrichissant pour le formateur

  • Utilisation en présentiel ou en distanciel, avec beaucoup de technologie comme sans aucun moyen technique ;
  • Changement de rôle, de professeur à facilitateur/accompagnateur/conseiller : plus d’adaptation au public et moins de tâches routinières.

Intérêt et efficacité pour tout le monde ! Que demander de plus ?

“OK, super, je suis convaincu” – oui, vous êtes nécessairement convaincu 😁 – “mais j’aimerais bien qu’on passe à l’application concrète ! “.

Pas de problème ! Ce sera l’objet de l’article suivant : étudier un premier cas… d’étude de cas ! Stay tuned !

Illustration : Image by vectorjuice on Freepik

Petits OF : franchissez les obstacles à la modernisation de vos modalités de formation – Épisode 2

Le problème des ressources

On a vu que la résistance des formateurs au changement peut être un sérieux frein au développement du numérique éducatif pour certains organismes de formation. Mais il ne s’agit, hélas, pas du seul obstacle ! En effet, une fois passé ce premier écueil va se poser la question des ressources humaines et financières qui peuvent être affectées à un projet de modernisation. Et là, le bât blesse… une fois de plus !

Des compétences digitales à développer

Une montée en compétence des formateurs va souvent être nécessaire pour leur permettre de connaître le champ des possibles, et de faire le choix pédagogique des outils adaptés à chaque situation d’apprentissage. Ensuite, il leur  faudra être capables de se servir des applications dédiées. Mais cela ne suffit pas ! Seule une pratique régulière leur permettra d’améliorer leur efficacité avec ces outils. La courbe d’apprentissage est d’autant plus longue qu’une utilisation efficiente du numérique est nécessairement contingente ! On ne va pas utiliser les mêmes méthodes/outils encore et encore, au simple motif que l’on sait faire. Ce serait, au final, à peu près aussi engageant pour l’apprenant que de débiter des contenus du haut de son estrade en toutes circonstances, car potentiellement inadapté au contexte, sans compter que de l’absence de surprise naît la lassitude… Or, chaque outil a ses particularités… et le temps de prise en main qui va avec…

Et là, on en vient au problème majeur : le temps que les formateurs peuvent consacrer à la production de ressources numériques !

Le temps n’est pas extensible…

Si certains arguments des réticents au changement évoqués dans l’article précédent peuvent être contestables, celui-là est très objectif. OK, monter en compétence et concevoir des contenus numériques peuvent faire gagner du temps sur le long terme… mais comment dégage-t-on la mise de départ indispensable au lancement de la machine ? 

Même si l’implication de nombreux formateurs salariés* les conduit à ne pas travailler les yeux rivés sur leur montre, il y a des limites. Nier que l’investissement est chronophage ne peut être que contre-productif et renvoyer à leur réticence ceux qui avaient accepté de s’investir dans un projet de modernisation de leurs outils et pratiques pédagogiques. Un beau gâchis quand on connaît la résistance au changement qui prévaut ! C’est à la direction des OF de rendre cet investissement possible, en lui dédiant du temps venant en diminution de la charge de travail habituelle, et/ou en mettant à la disposition des acteurs des moyens supplémentaires. 

De quels moyens parle-t-on ? De moyens humains (référent numérique, ingénieur pédagogique…) pour accompagner et décharger les formateurs d’une partie des tâches de création et mise à jour de parcours, de modules ou d’activités, et/ou de moyens financiers pour externaliser la conception de ressources.

… et le budget n’est pas infini non plus !

Mais tout cela a un coût non négligeable ! Si les salaires moyens des responsables ou coordinateurs pédagogiques… ne sont pas très élevés dans les petits OF de province, ceux des personnels plus techniques – à même d’administrer une plateforme de LMS, de former leurs collègues, de concevoir et d’implémenter des contenus… – sont plus conséquents… même en dehors de l’Île-de-France ! Par ailleurs, inutile de rappeler qu’un salaire annuel de 30000 € brut, s’il n’est pas mirobolant pour celui qui le perçoit, représente en réalité un coût beaucoup plus élevé pour l’entreprise !

Quant à l’externalisation de la conception, si elle offre d’avantage de flexibilité, elle ne permet pas de faire l’économie du temps de production qui est, comme on l’a dit très élevé. Et le coût s’en ressent, cela va de soi ! Si l’on se réfère au livre blanc des tarifs du digital learning de l’ISTF, le coût moyen d’un module d’e-learning sonorisé et interactif de 20 minutes sur mesure se situerait autour de 6850 €. Ce n’est qu’indicatif, car le coût dépend du degré de digitalisation, d’interactivité et de l’usage qui en est projeté (totale autonomie, pendant une séance…), mais un point reste tout de même à retenir : le sur-mesure n’est pas à la portée de toutes les bourses… Heureusement que l’on peut faire appel au prêt-à-porter… ou au DIY** !

Une piste à exploiter : des ressources prêtes à l’emploi !

Une alternative bien moins coûteuse que la conception de ressources « à façon », surtout lorsque l’on a peu d’apprenants : l’achat de contenus « sur étagère ».

De quoi parle-t-on ? Il s’agit de parcours complets, de modules, de micro-ressources (de courtes vidéos thématiques, par exemple), de livres ou de magazines au format numériques… que vous allez pouvoir utiliser dans vos formations.

Vous avez peut-être tout de suite pensé à Pix (développement des compétences numériques) ou au Projet Voltaire (maîtrise de l’orthographe et de l’expression) ? Effectivement, ces produits en font partie. Mais ce ne sont pas les seuls ! On peut, par exemple, également citer les cours et ouvrages des éditions ENI (Informatique, bureautique, webdesign…), de Skillsday (différentes thématiques dans le développement et l’efficacité professionnelle) … ou encore votre serviteur (parcours d’insertion professionnelle pour les étudiants de premier cycle)… Ce ne sont que des exemples !

Deux types de modalités peuvent être proposées : 

  • le SAAS (Software as a Service) : les contenus sont sur la plateforme de votre fournisseur sur laquelle vos apprenants doivent se rendre pour accéder aux ressources. Cela implique qu’ils sortent de votre propre plateforme, mais aussi de multiplier leurs logins/mots de passe, si vous avez plusieurs fournisseurs, ce qui n’est pas idéal à de nombreux égards…
  • la mise à disposition de fichiers (principalement au format scorm) accessible sur la plateforme du client. Cette dernière possibilité rend votre choix d’utiliser des ressources externes transparent pour l’utilisateur, mais tout le monde ne la propose pas.

Certains fournisseurs en SAAS – non cités ici – ont une approche assez binaire : si vous les choisissez, vos apprenants peuvent accéder à toutes les ressources de la plateforme. En fait, cela revient très cher au final (et ne concerne donc pas les petits OF dont il est question dans cet article), et est, par ailleurs, incompatible avec le fait de garder la main sur le choix des éléments que l’on souhaite incorporer à ses formations !

Dans tous les cas, vous serez en général facturé en fonction du nombre d’étudiants inscrits (tarif généralement dégressifs) et de la durée de l’accès. Quant au coût moyen par apprenant, cela n’a pas de sens de l’évoquer, car il n’y a pas encore vraiment de standard en la matière, et les différences de prix peuvent être très importantes.

À noter que certains fournisseurs de plateformes de LMS proposent  également des contenus sur étagère comme service complémentaire à leur offre, à l’instar de Netopen.

Au-delà des véritables modules complets sur étagère, il est également possible de proposer des ressources brutes additionnelles aux apprenants, ou encore de fournir ces ressource aux formateurs, qui pourront s’en servir dans le cadre de leurs séances : bibliothèques en ligne, abonnement à des magazines, ou encore à des vidéos…

Une alternative plus gourmande en temps, mais ne nécessitant aucune mise de fond, dans cette dernière option DIY : les ressources gratuites. Le web en fourmille ! Il peut s’agir de ressources nativement ouvertes à la communauté (https://www.oercommons.org/, https://ed.ted.com/,  …), mais également de blogs d’enseignants et de formateurs… qui partagent leurs ressources pédagogiques, dont des exercices, ou encore d’articles divers et variés pouvant servir de base à des activités. En effet, il ne faut pas oublier que l’on peut en toute légalité incorporer des liens dans ses supports ! Cela permet de se constituer pas mal de « briques » à exploiter dans les formations en présentiel ou en distanciel. Il n’y a plus qu’à ajouter le mortier !

 

Pour clore ce petit tour d’horizon, qui n’a pour objet que de vous servir de point d’entrée pour aller plus loin, n’oublions pas que de nombreuses régions et autres acteurs de la formation professionnelle (OPCO, FFP…) ont accordé/accordent des aides à la modernisation et à la digitalisation des formations des OF, sous une forme financière et/ou de mise à disposition de prestataires. Un bon viatique pour mettre le pied à l’étrier !

 

*C’est essentiellement des formateurs salariés que l’on parle ici. En effet, les formateurs non-salariés ont tout intérêt a prendre sur leur temps personnel pour développer des ressources qu’ils vont pouvoir optimiser lors de leurs interventions dans plusieurs organismes !

** Do It Yourself = bricolage

Petits OF : franchissez les obstacles à la modernisation de vos modalités de formation – Épisode 1

Les réticences des formateurs

Les velléités d’exhortation au tout digital en formation ont vécu. 

Obstacles sur une piste de coursePourquoi ? Une prise de conscience, une fois passé le “tout nouveau tout beau”, que cette modalité ne convient pas à de nombreux apprenants, a remis le digital à sa place : celle d’un outil dont l’utilisation doit être contingente. Un retour au bon sens, donc. C’est l’hybridation qui a la cote. Jusque là, tout va bien…

Mais ce n’est pas tout. Et la seconde raison est plus embêtante, car elle impacte également le blended et le digital au service du présentiel.

En effet, on peut constater une nette persistance d’un sentiment de rejet du numérique éducatif suite à la période Covid. Ou, devrait-on plutôt dire, à de très mauvaises expériences dans ce domaine pendant la période Covid.

Et cette aversion se trouve aussi bien chez les formateurs, alors contraints dans la douleur de bouleverser leurs pratiques, que chez les apprenants, forcés de subir les errements des premiers. Ajoutez à cela l’épouvantail ChatGPT – “la-grosse-méchante-IA-qui-va-traiter-les-évaluations-à-la-place-de-mes-étudiants”, et vous obtenez une proportion non négligeable de formateurs complètement fermés à l’idée de moderniser leurs pratiques…

Eh oui, les récents délires relatifs aux formations dans les métavers (un sujet sur lequel on reviendra plus tard) sont à des années-lumière des préoccupations qui ont cours au sein des petits OF !

Heureusement, les directions de ces établissements et quelques formateurs éclairés ont bien pris conscience du caractère incontournable d’une introduction raisonnée du digital dans leurs formations, pour tous les avantages qu’elle présente. Mais le chemin est semé d’embûches. Et le premier obstacle à surmonter est donc la réticence des acteurs, et en premier lieu des formateurs.

Opération séduction et formation sont indispensables pour que la transition soit réussie. Et il faut accepter que le chemin soit long, car vouloir brûler trop vite les étapes risque de conduire le projet de modernisation à l’échec.

Comprendre et anticiper les réserves

Commençons avec une petite FAQ du formateur/enseignant EdTechsceptique*… et les réponses qui vont avec !

Attention : ledit formateur n’est pas forcément un numéricosceptique* ! Si l’on trouve encore quelques formateurs souffrant d’illectronisme plus ou moins prononcé, cela devient rare. La plupart des réticents ne sortent pas sans leur smartphone, comme tout le monde, et n’ont aucun problème pour utiliser correctement un outil de visio… pourvu que ce soit à des fins personnelles…

Certaines critiques sont clairement exprimées.

  • Le but de l’OF est de remplacer les formateurs !

Remplacer, non. Dans les petits OF dont on parle, on n’en est pas à faire du 100% e-learning… et ce n’est pas un objectif – un “sujet” pour parler la novlangue de l’entreprise ! Il s’agit juste d’introduire du digital pour booster le présentiel, ou de faire de l’hybridation “light”. L’idée est d’optimiser la présence du formateur pour lui confier des missions à valeur ajoutée : suivi personnalisé, explications, remédiation… Pas de lui faire lire un bouquin à son groupe. Honnêtement, est-ce que ce n’est quand même pas plus valorisant ?

  • Le digital ne sert à rien dans ma matière.

Vraiment ? En fait, c’est intéressant de voir que les profs des disciplines nécessitant a priori une présence physique (musique, sport…) ont réussi à assurer une continuité pédagogique pendant les confinements. Évidemment, chaque discipline a ses contraintes et ses spécificités. Il faut réfléchir à ce que le digital peut apporter. Un exemple ? Photographier ou filmer des lieux, des postures qui vont bien… ou qui ne vont pas. Ce n’est qu’un exemple, car le champ des possibles est très vaste !

  • Je n’ai pas le temps de produire des contenus.

Alors là oui, c’est un argument recevable, qui mérite attention, prise en compte et négociation ! On peut objecter que mettre des PDF à disposition sur le LMS prend moins de temps que faire des photocopies. On peut également arguer que le travail de digitalisation est compensé par un gain de temps à court terme (correction automatique quand on a passé beaucoup de temps à produire un bon QCM) ou à moyen/long terme (réutilisation des contenus lors de la session suivante…). Par contre, sauf à être de mauvaise foi, on ne peut pas nier que l’ingénierie pédagogique, la scénarisation et l’implémentation d’un module raisonnablement interactif même pour un usage en présentiel… prennent du temps… beaucoup de temps, même… Et sur ce point, il faut pouvoir aligner des moyens humains et financiers (les deux se rejoignant, d’ailleurs). Là, c’est à la direction de l’OF de prendre les bonnes décisions, en profitant de certaines opportunités au passage. Stay tuned!

Il y a cependant des peurs que le formateur aura plus de mal à formuler, parce qu’elles peuvent remettre en cause sa motivation, son implication, sa fiabilité, voire sa compétence. Il faut cependant être conscient que ces réserves sont prégnantes, pour les soulever… et les lever !

  • J’ai un problème avec le respect du droit d’auteur.

Il s’agit plus exactement de deux problèmes :

J’utilise des contenus que je n’ai pas le droit d’utiliser… En clair, je photocopie/pille à tour de bras des bouquins et je distribue des liasses de papier à mes apprenants. Alors ça fait désordre de mettre les PDF sur le LMS…  Rien de plus vrai ! Effectivement, ça ne se fait pas. Une réponse : fournir aux formateurs une liste de ressources éducatives libres (nombreuses sur le Web), dont ils pourront donner les liens ou utiliser des extraits dans le respect du droit. L’OF peut également acquérir des ressources dans lesquelles les formateurs iront piocher. On développera ce point dans l’épisode 2.

Je ne veux pas qu’on me pique mes productions ! Le formateur est propriétaire de ses productions originales et l’OF n’a pas le droit de les utiliser sans son accord, à moins qu’une cession des droits d’exploitation ne soit mentionnée dans son contrat. Pour rassurer les formateurs, il est préférable de préciser en clair dans ce document l’absence de cession de droit et de communiquer sur ce point.

  • Ouvrir les portes de la salle de cours (en vrai, les accès au contenu sur le LMS)… et permettre à l’administrateur de la plateforme de voir ce que je fais ! Jamais de la vie !!! 

Digitaliser nécessite une formalisation de ce qui se passe pendant la formation. Comme le dit le proverbe, les paroles s’envolent, les écrits restent. Honnêtement, quelles sont les professions où l’on peut valablement cacher son travail à sa hiérarchie ou à son client ? C’est donc un faux problème, juste une mauvaise habitude. Et, a contrario, quel est le directeur d’OF qui a suffisamment de temps à perdre pour “fliquer” tout ce qui se passe ? Vous avez l’habitude d’entendre la petite phrase suivante lorsque vous contactez de nombreux services : “Nous vous informons que cet appel est susceptible d’être enregistré”, pas vrai ? Et vous pensez que tous les salariés concernés par ledit enregistrement sont au bord de la démission ? Sérieusement ? C’est le “susceptible de” qui fait la différence, ainsi que le fait que l’on n’ait aucune raison d’aller s’intéresser à ce que vous faites… sauf s’il y a un problème.

Être proactif

Parler d’une solution serait très ambitieux, et pas vraiment réaliste. Mieux vaut évoquer des pistes à suivre… avec pragmatisme, mesure et contingence, comme toujours ! Quelques “tips” pour partir d’un bon pied :

  • Communiquer avec les formateurs et les inciter à exprimer leurs réserves.
  • Favoriser une utilisation “light” du digital en présentiel, pour commencer, en en montrant tous les bénéfices… pour le formateur.
  • S’appuyer sur une équipe restreinte pour mettre en place des projets qui marchent, à montrer aux autres en modèles, avant de chercher à déployer des solutions de plus grande envergure.
  • Proposer aux formateurs des sensibilisations et formations à l’usage du digital en pédagogie.
  • Avoir un référent digitalisation qui répondra aux questions et donnera un coup de main aux membres de l’équipe quand le besoin se fera sentir.
  • Faire du LMS de l’organisme un outil incontournable, en s’en servant comme d’un moyen de communication avec les formateurs et les apprenants.
  • Rassurer les formateurs sur la propriété intellectuelle des contenus qu’ils déposeront sur la plateforme.

Pour en finir avec les réticences, quid des apprenants ? Il seront plus faciles à séduire, une fois que l’on pourra leur proposer du digital de qualité, et à condition de se préoccuper en amont de l’équipement dont ils disposent. Une formation à l’utilisation de la plateforme et une bonne communication devraient faire l’affaire.

Au programme dans le prochain épisode : le problème des moyens…

* Attention : néologisme 😉

Pour ou contre les portables/tablettes/mobiles en cours ?

Il faut reconnaître qu’il existe encore, dans certains établissements et/ou disciplines, une frilosité à tolérer l’ordinateur portable en cours. Quant au smartphone, son usage pendant les formations est souvent purement et simplement interdit !

En dehors de quelques motifs « matériels » du type « le bruit de la frappe au clavier devient insupportable quand il y a trop de monde dans la salle », les raisons sont essentiellement d’ordre logiciel : les étudiants ont, en effet, grâce à leurs outils, la possibilité de faire autre chose pendant les cours ! Jouer ou communiquer sur les réseaux sociaux, par exemple…

Il s’agit là d’une vision passéiste de l’apprentissage, qui conduit à se priver de nombreuses possibilités d’activités pédagogiques ! Par ailleurs, comment peut-on demander au numérique de servir de vecteur de l’enseignement en cas d’impossibilité d’assister aux formations, quand on bannit son utilisation en présentiel ? L’étudiant serait donc capable, chez lui, d’utiliser son matériel pour se concentrer sur ses cours en ligne, quand il s’empresserait de s’en servir pour se distraire pendant ses périodes de formation ? Il y a là, au mieux, une incohérence, au pire de la mauvaise foi : je reconnais implicitement que mon cours est tellement barbant que les étudiants vont avoir envie de faire autre chose, donc je les en empêche, plutôt que de remettre en question ma façon d’enseigner…

Bien entendu, ce que je vais évoquer ici ne concerne pas les matières « techniques » dans lesquelles l’usage d’outils numériques est indispensable. Pour ces dernières, les établissements mettent souvent à la disposition des étudiants/enseignants des salles informatiques. Cela dit, il n’est pas rare, également, qu’ils aient recours au BYOD (Bring Your Own Device), pour des raisons logistiques/de budget évidentes.
Par ailleurs, il ne s’agit pas non plus de justifier l’utilisation du matériel à des fins personnelles. C’est de pédagogie, dont il est question ici… comme d’habitude !

Quelques questions sur le sujet…

Y a-t-il vraiment une distinction à faire entre portable, tablette et mobile ?
Techniquement, pas vraiment ! Une tablette et un téléphone ont un système d’exploitation, et des applications donnant accès à la plupart des fonctionnalités basiques que l’on attend de son portable… D’ailleurs, quand leurs aînés préfèrent l’ordinateur pour certaines activités, les jeunes ont tendance à utiliser leur mobile pour à peu près tout ce qui nécessite un accès au Web. Question de génération… Une distinction majeure, me direz-vous : l’interface de saisie ! On va y venir plus loin.

Comment être sûr que les étudiants ne font pas autre chose pendant les cours ?
Il n’y a aucun moyen d’en être sûr… sauf à passer son temps à circuler dans la salle, ce qui est incompatible avec certains formats de présentiel, comme le cours d’amphi. Mais… comment être sûr qu’ils écoutent, même sans outils ? Dormir les yeux ouverts/faire des batailles navales, et j’en passe…, cela ne date pas d’hier ! Pas besoin de matériel high-tech pour s’occuper d’autre chose que du cours… avec plus ou moins de discrétion…

Et si mes étudiants enregistraient/filmaient mon cours ?
Là aussi, le problème n’est pas neuf ! On avait déjà ce souci avec les dictaphones. Et, croyez-vous vraiment pouvoir éviter une captation « sauvage » de votre formation en interdisant les portables sur les tables… sauf à fouiller les étudiants à l’entrée, bien entendu, ou à leur demander de déposer leur portable à l’entrée du cours ?

Mais à quel usage « autorisé » cela peut-il leur servir, si je ne propose pas d’activités numériques ?

Regarder l’heure !
Eh oui, cela peut paraître bizarre pour les « anciens »… dont je fais partie, mais les jeunes ne sont pas nombreux à avoir une montre au poignet ! Pour quoi faire, quand le « couteau suisse » mobile est à portée de main ?

Saisir le cours
Nombreux sont, encore, hélas, les profs qui, à défaut de taper à un doigt (on est, quand même en 2020), écrivent à la main beaucoup plus vite qu’ils ne saisissent au clavier. Certains ont du mal à concevoir que leurs étudiants ne fonctionnent pas comme eux. Et pourtant… C’est vrai que l’enseignement français est en retard sur ce point, et que la capacité des jeunes à taper à dix doigts est clairement très très loin de ce que pouvaient faire les dactylos dans les décennies qui précèdent. Néanmoins, certains se débrouillent pas mal. Pourquoi les empêcher de le faire ?
Seuls les ordinateurs portables sont dotés, nativement, d’un clavier permettant une saisie efficace. Cependant, il est tout à fait possible d’adjoindre un « vrai » clavier à une tablette ou à un mobile !

Photographier le tableau
Quand l’enseignant écrit sur un tableau blanc ou noir, ou encore sur un paperboard, pas d’autre moyen pour les élèves que de copier… ou de le photographier ! Ce qui est quand même plus pratique ! J’entends déjà certaines voix s’écrier que recopier permet d’apprendre. Synthétiser, certainement, recopier, j’émets de sérieuses réserves. Qui n’a jamais noté, sous la dictée, un texte, ou recopié des documents… sans même savoir ce qu’il écrivait ? Et puis est-il vraiment judicieux de « gaspiller » les heures de face-à-face pour faire de la copie ?

Rechercher de l’information
Rechercher une info en cours n’a rien d’exceptionnel ou de choquant. Pour cela, tous les outils électroniques font aussi bien l’affaire les uns que les autres. À condition d’avoir du réseau, bien entendu !

Noter le travail à effectuer dans son agenda
J’ai été amusée de voir à quel point nombre de mes étudiants étaient encore accros aux agenda papier ! C’est un constat intéressant pour comprendre que la transition vers le numérique n’est pas plus évidente pour les profs que pour les apprenants. Mais bon, les fans des agendas électroniques existent néanmoins. J’en fais partie, forcément. Quand on me donne un rendez-vous, je sors mon mobile pour le noter sur mon Google Agenda. Si on me l’interdisait, je noterais ça sur le coin d’une feuille, avant de le reporter plus tard… ou de perdre la feuille…

Être pragmatique pour dépasser les problèmes

Tout le monde est, aujourd’hui, équipé d’un smartphone – en tout cas, tous ceux, ou presque, qui poursuivent des études supérieures. Les profs, eux-mêmes, ont souvent leur mobile sur la table. Dans ces conditions, comment exiger de l’étudiant qu’il le remise ? Il s’agit d’un objet de la vie courante, qui fait partie de nos vies au quotidien. Peut-on valablement demander d’en faire abstraction pendant les séances de formation ? Il me semble plus judicieux de poser des règles, pour apprendre à s’en servir avec discernement.

Poser les règles d’utilisation dès le départ
la question n’est pas d’interdire les outils… mais certains usages. Poser clairement que le mobile ne sera utilisé qu’à des fins pédagogiques et qu’il reste, bien entendu, interdit d’avoir son téléphone autrement qu’en silencieux… ou de répondre à des appels, est la base ! Même chose pour le portable, bien entendu.

Faire des cours vivants !
Quelle meilleure garantie que la grande majorité des étudiants suivront la séance, et n’utiliseront donc leurs outils numériques qu’à bon escient !

Utiliser les bénéfices de ces outils pour améliorer vos pratiques d’enseignement !
Last, but not least, les « electronic devices » peuvent être les alliés du prof ! Là, je ne vais pas rentrer dans le détail, car on évoquera les atouts du numérique pour doper les apprentissages tout au long de ce blog.
Une petite mise en bouche, cependant, avec ces retours d’expériences d’enseignants de la faculté de médecine de Sorbonne Université.

Au fait, je viens de faire l’acquisition d’un joujou, que je vais m’empresser de tester, et à propos duquel je vous promets une review : une tablette Android A4, avec un écran e-ink, qui va me permettre de prendre des notes, lire et annoter mes pdf, accéder au Web… Alors, outil interdit ou autorisé ?

Illustrez légalement vos supports numériques

Aujourd’hui, plus de ressource numérique éducative sans image, fixe ou en mouvement !

Les raisons sont nombreuses. Sur le fond, l’image informative illustre le propos et permet de donner corps au texte, voire de le remplacer, lorsqu’il s’agit d’une infographie ou d’un schéma, par exemple. Mais ça, ce n’est pas nouveau. Sur la forme, l’image, même décorative, rythme la lecture et… décore les pages ! Cela peut paraître anodin, mais a un impact sur la concentration du lecteur, et également sur l’estime qu’il a de l’auteur du cours (son professionnalisme et son modernisme). Et ne caricaturons pas, en limitant le besoin d’images à un public jeune !

Encore faut-il que l’image soit « pro »… et que l’on ait le droit de l’utiliser, ce qui n’est, hélas, pas toujours le cas…

Les infos qui suivent seront, je l’espère, utiles aux apprenants, pour leurs devoirs numériques, autant qu’aux formateurs pour leurs supports et cours en ligne… ainsi qu’à tous les professionnels qui insèrent des images dans leurs documents numériques !

Respectez le droit d’auteur

Le Web regorge d’images, et rien n’est plus rapide que de se servir. Et pourtant, le droit d’auteur s’applique aux œuvres que vous y trouvez, au même titre que pour les documents papier ! Le droit applicable n’est pas le même selon les pays. C’est de droit français qu’il sera question ici.

Petite mise au point juridique : par défaut, en droit français, toutes les œuvres de l’esprit sont protégées par le droit d’auteur. Et pour utiliser une œuvre protégée, il faut l’autorisation de l’auteur (qu’il vous accordera éventuellement moyennant finance), et créditer ce dernier.

Vous pensez être couvert par l’exception pédagogique ? Méfiez-vous, car la notion est très restrictive. Vous vous dites qu’un usage auprès d’un public très limité d’apprenants n’est pas un problème ? Pas vu, pas pris, certes ! Mais, au-delà de la malhonnêteté de cette pratique, vous devrez passer en revue toutes les illustrations de vos ressources, si vous voulez les réutiliser dans un contexte plus large ! Autant passer un petit peu de temps en amont pour se prémunir contre cette tâche fastidieuse.

Il existe des banques d’images qui vendent des visuels, par exemple Shutterstock. Mais rassurez-vous, vous pouvez aussi trouver votre bonheur gratuitement et légalement, en utilisant des illustrations désignées couramment comme « libres de droit », quoi que cette notion n’existe pas en droit français, c’est-à-dire dans le domaine public, ou sous licence Creative Commons.

Le domaine public

Le principe

En France, une œuvre « tombe » dans le domaine public 70 ans après la mort de son auteur. C’est plutôt restrictif. Heureusement, un auteur peut également décider de mettre d’office son œuvre dans le domaine public !

L’attribution

Dans ce cas, il n’y a pas d’attribution nécessaire (vous n’êtes pas obligé de citer votre source). C’est très confortable pour toutes les images utilisées à des fins plutôt décoratives !

Les sources

Difficile d’être exhaustive… alors je n’essaierai même pas… Pour des images de qualité, ayant une finalité plus décorative que de fond, je trouve généralement mon bonheur sur Pexels !

Les licences Creative Commons

Quand on cherche des images techniques et/ou assez spécifiques, il est généralement nécessaire de se tourner vers les licences CC.

Un exemple tout bête : dans le cadre de mes missions pour l’association  LearnAppeal, j’ai conçu des cours traitant de sujets hyper glamour comme, par exemple la gestion des déchets solides. Inutile de vous préciser que la photo d’un incinérateur d’ordures ménagères ne se trouve pas facilement sur Pexels… C’est dans des cas comme ça que les images sous licences CC sont très très utiles !

Le principe

Dans ce cas, votre droit d’utiliser l’image est variable selon la licence exacte . Cela va, du plus permissif au plus strict, du droit, pour vous, d’utiliser l’image à des fins commerciales (y compris en la retouchant, découpant, mixant…) à celui de l’utiliser telle quelle, pour un usage non-commercial uniquement.

Petit bémol : attention aux photos de personnes reconnaissables ! En effet, le droit à l’image (art 9 du code civil) vous interdit, a priori, de les utiliser sans l’autorisation de ces personnes, et ce, même si la photographie est sous licence CC. Il s’agit là de deux choses différentes !

L’attribution

Dans tous les cas, vous devez créditer l’auteur ! Donc, pas top pour la déco…

Les sources

Pas d’exhaustivité, une fois de plus. Je me contenterai de partager avec vous mes sources habituelles, qui m’ont toujours suffi, classées par nature de visuel.

Attention : à l’exception de Wikimedia Commons, les autres sites proposent également des contenus protégés (et payants). Pensez à bien filtrer vos résultats, en spécifiant le type de licence recherché ! Quant à Slide Share, la plateforme sera reprise par scribd fin septembre 2020. Gratuité et licences CC seront-elles toujours de mise ? Wait and see…

Mes tips

  • N’utilisez pas le filtre de Google Search pour sélectionner des images sous licence CC ou dans le domaine public, car cette catégorisation est souvent erronée !
  • Pour trouver des images correspondant à vos besoins, privilégiez les recherches en anglais : les résultats seront beaucoup plus nombreux ! Et n’oubliez pas de tester tous les synonymes.
  • Lorsque vous téléchargez une image, pensez à renommer et classer le fichier dans un dossier approprié, ainsi qu’à noter, dans un fichier à part, tous les éléments dont vous aurez besoin pour l’attribution (nom de l’auteur, titre de l’image, URL, type de licence, date à laquelle vous avez téléchargé le document), en regard du nom de chaque fichier.
  • Vous avez besoin d’une photo et vous ne trouvez pas votre bonheur ? Prenez-là vous-même, quand c’est possible ! Vous ne trouvez pas le schéma de vos rêves ? Produisez-le !
  • Lorsque des personnes apparaissent sur des photos que je vous voulez utiliser, pensez à les rendre difficilement reconnaissables (en floutant ou en rognant l’image).

Et pour info, toutes les photos qui illustrent ce blog sont issues de Pexels… et dans le domaine public !

 

Outils de formation en ligne : dépassez les limites des applications gratuites !

Si la mise en place du confinement en mars dernier a suscité des élans de générosité (intéressés, ne nous voilons pas la face) de la part de certains fournisseurs d’outils de communication et de collaboration en ligne, on peut craindre, aujourd’hui, une contraction du freemium dans le secteur des outils de la formation à distance.

Pour rappel, qu’est-ce que le freemium ? Il s’agit d’un modèle économique dans lequel les fournisseurs de services proposent un accès gratuit à des prestations basiques, et des offres payantes pour bénéficier des fonctionnalités avancées du produit et/ou pour l’utiliser avec un nombre plus important de collaborateurs. Les exemples ne manquent pas sur le Web ! On peut, par exemple citer Trello, Slack, Zoom, Kahoot…

S’il est parfaitement logique pour ces entreprises de monétiser un recours devenu plus systématique et, pour certains, indispensable, à leurs produits… cela n’arrange pas les affaires de nombreux acteurs de la formation !
Deux exemples très récents me viennent à l’esprit dans les outils que j’utilisais, ou dont je conseillais l’utilisation :

  •  MoodleCloud, la version Cloud du LMS Moodle : la plateforme gratuite dans sa version de base (en échange d’un affichage de publicités pour les apprenants), a muté en une période d’essai de 45 jours.
  • Wooclap, une plateforme d’activités interactives et ludiques (sondages, quiz…) ne propose plus, dans son plan gratuit, que des activités de… deux questions. Autant dire que l’outil est inexploitable sans passer à un abonnement payant.

Vous avez été très nombreux à jongler avec des produits gratuits pour dispenser vos formations à distance au cours de ces derniers mois. Mais la donne risquant de changer, il vous faut impérativement anticiper, pour éviter de vous retrouver le bec dans l’eau en cas de nouveau recours imposé au distanciel !

Quelques conseils pour faire face aux changements de politique des services en ligne que vous utilisez :

Pensez à l’installation d’un LMS (Learning Management System) pour héberger vos contenus

Que vous soyez formateur indépendant ou à la tête d’un petit organisme (les grands en sont déjà pourvus), vous pouvez vous doter d’un outil de ce type pour un prix modique. Les fonctionnalités sont riches et spécifiquement pensées pour la formation. Pour vos étudiants, c’est un point d’accès unique à vos cours et supports, qui évite la multiplication des comptes en ligne.

Moodle  ou WordPress/LearnPress sont des produits libres que vous pouvez installer facilement sur un VPS (serveur virtuel). Un prochain article détaillera les options qui s’offrent à vous en ce qui concerne Moodle.

Ainsi, vous aurez la main sur votre plateforme et ne serez plus tributaire des changements de politique des prestataires de services en ligne !

Scénarisez avant d’implémenter

Ne concevez jamais vos contenus (exposés, quiz…) directement sur un outil en ligne !

Faire un brouillon finalisé de vos cours et supports en local est la garantie que vous pourrez implémenter rapidement votre travail sur la plateforme de votre choix (par des copier/coller à la chaîne)… mais aussi que vous pourrez le faire au moyen d’un autre outil, si le premier n’est plus accessible ou devenu payant.

Et, bien entendu, n’oubliez pas de nommer et classer correctement tous vos fichiers pour pouvoir y accéder facilement en cas de besoin !

Testez des produits alternatifs

Il existe toujours plusieurs applications en ligne permettant de faire peu ou proue la même chose.

Explorez les possibilités à vos heures perdues, et notez bien les URL ! Cela vous permettra de basculer sur une autre solution, en cas de modification de fonctionnement de votre outil habituel.

Souscrivez un abonnement payant à votre/vos outils préférés

La gratuité a ses limites, et c’est bien légitime pour les prestataires de services en ligne d’attendre une rémunération des services proposés. Vous-même ne dispensez pas vos formations gratuitement !

Certaines applications sont remplaçables, d’autre pas. Si l’abonnement à un outil que vous utilisez largement est accessible, cela vaut peut-être le coup de le souscrire.

Détournez des produits de leur usage originel

Les produits Google existent depuis longtemps, s’enrichissent régulièrement de petits nouveaux… et le risque que l’on vous demande un jour de mettre la main au porte-monnaie est très réduit ! Or, au-delà de la plateforme Google Classroom, dédiée à l’hébergement de vos formations, vous pouvez concevoir, avec un peu d’imagination, de nombreuses activités pédagogiques au moyen d’un document partagé, ou encore d’un formulaire !

En résumé, soyez organisé et menez une veille permanente. Une solution générique qui permet de résoudre bien des problèmes !

Utiliser le numérique en présentiel : 20 points à checker avant votre rentrée !

Vous êtes nouveau formateur, occasionnel peut-être, ou encore formateur expérimenté sur le point d’intervenir dans un nouvel établissement ? Si vous êtes un habitué des outils numériques, vous pouvez être très surpris de voir à quel point certains organismes et/ou étudiants sont en retard dans ce domaine. Pour ne pas vous retrouver démuni lors de votre première intervention, il est indispensable de mener quelques vérifications auprès de l’établissement, de contacter les étudiants… et de prévoir des solutions de backup. Better safe than sorry!

À vérifier auprès de l’organisme de formation

  • Les salles sont-elles équipées de visio-projecteurs, ou pouvez-vous, a minima, emprunter un visio-projecteur portable ?
  • Quelle est la configuration de la salle dans laquelle vous effectuerez votre première séance (écran, disposition des tables…) ?
  • Le WiFi (avec un bon débit) est-il accessible dans toutes les salles – et plus précisément dans celle où vous allez faire vos interventions ? Les salles sont elles équipées de prises réseau (ethernet) pour une connexion filaire à Internet ?
  • La 3G/4G est elle bonne dans toutes les salles de l’établissement ?
  • L’installation électrique est-elle calibrée pour prévoir le branchement des portables ? Le nombre de prises est-il suffisant ? L’établissement dispose-t-il de multiprises et rallonges, si besoin ?
  • Quelles sont vos informations de connexion (identifiant et mot de passe) pour utiliser le réseau de l’établissement ?
  • Les étudiants auront-ils déjà leurs accès au réseau ?
  • Y a-t-il un guest access pour ceux qui n’ont pas encore leur compte personnel (vous, le cas échéant, et les étudiants dont l’inscription n’est pas finalisée) ?
  • L’établissement a-t-il une plateforme d’apprentissage en ligne ? Et, si c’est le cas, mêmes questions que plus haut concernant les informations de connexion…
  • Les étudiants (et formateurs, d’ailleurs) ont-ils accès à une offre logicielle via l’école (office 365…), et auront-ils leur accès au moment de votre intervention ?
  • De quel matériel personnel les étudiants sont-ils habituellement équipés (portables, tablettes…) ?
  • L’établissement propose-t-il des ordinateurs de prêt pour les étudiants qui n’en ont pas, ou l’ont oublié ?
  • Avez-vous un moyen de contacter vos étudiants directement avant votre première séance (adresses mail, notamment), pour leur demander de se munir de leur portable ? Si ce n’est pas le cas, pensez à demander à l’établissement de le faire pour vous.

À demander aux apprenants

  • Se munir de leur ordinateur portable ou, à défaut, d’une tablette.
  • Avoir certaines applications indispensables, dont vous donnerez la liste (traitement de texte…). Essayez de limiter cette liste au strict nécessaire, pour donner des informations plus précises lors de votre premier cours. Vous pourrez alors mentionner l’existence de produits libres, les orienter sur des tutoriels pour les installations d’applications… qu’ils seront priés de faire pour la séance suivante.

Et de votre côté ?

  • Démarrer avec une digitalisation « light » pour la première séance.
  • Prévoir la connectique indispensable… et de secours… dans votre sac (clé USB, multiprise, rallonge, adaptateur VGA/HDMI…).
  • Avoir votre smartphone chargé, prêt à être dégainé pour vous servir de point d’accès WiFi  !
  • Envisager la possibilité, pour les apprenants, de faire les activités de la séance à partir d’un smartphone (affichage responsive, notamment…).
  • Prévoir des … photocopies (pour le premier cours uniquement) !

Ne comptez pas trop sur le partage de matériel en ce début d’année : deux étudiants sur un portable, ce n’est pas très compatible avec la distanciation sociale qui s’impose… Le mobile de chacun est une meilleure alternative, car rares sont les apprenants qui ne l’ont pas sur eux en permanence (avec un forfait data) !

Et, pour la petite histoire, j’écris cet article d’une résidence de vacances où le  WiFi  n’est pas dans les appartements, la connexion 4G erratique… En résumé, un galop d’essai avant la reprise…

Bonne rentrée !

Une année universitaire sous le signe de l’incertitude, ça se prépare avec soin…

Le confinement long et généralisé que nous avons connu a sérieusement hypothéqué la croissance économique du pays, et un nouveau scénario de ce type semble aujourd’hui exclu… En attendant, la situation sanitaire étant loin d’être stabilisée, nous devons nous préparer à aborder une année difficile, éventuellement ponctuée d’épisodes de reconfinements ciblés.

En clair, une fois passée la phase de jonglage de la fin d’année universitaire, les acteurs de la formation supérieure ont été très nombreux à… se consacrer pleinement à leurs vacances…

Si le « bricolage » en urgence pour passer à une formation à distance était tout à fait admissible en mars dernier, il le deviendra beaucoup moins à compter de septembre. On ne pourra plus arguer de l’effet de surprise !

Une préparation « sérieuse » de la rentrée se fait en amont, dès la fin de l’année universitaire et dans les semaines qui précèdent celle à venir. Mais il faut reconnaître que les établissements ont également un gros travail administratif à assurer à ce moment de l’année. Rajouter une reconsidération pédagogique globale est une surcharge que tous ne peuvent pas assumer.

Pour ceux qui n’ont pas anticipé suffisamment, un travail de fond peut – et doit – être amorcé dès que les tâches urgentes auront été effectuées.

Concrètement, dans quel sens travailler ?

Côté établissements

Il s’agit de mener une véritable politique de conduite du changement, pour développer l’usage du numérique éducatif en face-à-face, afin, notamment, de faciliter la navigation entre présentiel et distanciel, dans un esprit « omnicanal ». Quelques investissements sont indispensables en amont…

  • S’assurer d’avoir une connexion Internet haut débit correctement dimensionnée, et ce, dans toutes les salles (je vous assure qu’il est encore possible aujourd’hui de devoir utiliser son téléphone en point d’accès dans les locaux d’un organisme de formation…) ;
  • Avoir une installation électrique permettant de brancher les portables dans les salles, dans le respect des normes de sécurité (trois prises pour 30 personnes, et un lacis de rallonges et de multiprises – quand on peut en trouver – c’est, hélas, une situation très banale…) ;
  • Favoriser le BYOD (Bring Your Own Device), en communiquant sur la nécessité, pour les étudiants, d’avoir un ordinateur portable ;
  • Faire l’acquisition du matériel indispensable (visio-projecteurs, connectique, ordinateurs portables de prêt…) ;
  • Se doter d’une « vraie » plateforme d’apprentissage en ligne (couplée, si besoin, avec des applications tierces) ;
  • Former une personne dédiée à son administration ;
  • Inciter les enseignants et formateurs à y déposer leur matériau pédagogique ;
  • Assurer la formation et le support des étudiants et formateurs à l’utilisation des outils numériques, dont la plateforme de e-learning ;
  • Favoriser la communication avec les étudiants, de l’administration et des formateurs, en utilisant des outils normalisés (notamment la plateforme), de manière habituelle (hors période de « crise ») ;
  • Favoriser l’utilisation du numérique dans l’enseignement en présentiel, par une formation appropriée des formateurs dans le champ pédagogique ;
  • Considérer un changement de rôle des formateurs/enseignants (temps de présence v/s mission, exposé des savoirs v/s accompagnement et facilitation…) ;
  • Penser à des modalités d’évaluation transposables au distanciel ;
  • Évaluer les dispositifs pédagogiques mis en place, pour les améliorer en permanence ;
  • Ne pas oublier les contraintes de sécurité informatique et contraintes juridiques (RGPD , droit d’auteur, droit à l’image…) liées à l’utilisation des outils numériques !

Côté enseignants et formateurs

  • Se doter d’un ordinateur portable « personnel » (ne pas se contenter d’un matériel commun à toute la famille…) ;
  • Se former dans le domaine pédagogique et numérique. Les ressources sont légion sur le Web ! Il faut être un peu proactif et ne pas tout attendre de son employeur…
  • Tester des applications de collaboration et de communication en ligne (outils de quiz, de tableau partagé, de visio…) ;
  • Mener une veille disciplinaire continue sur le Web, pour se constituer une « banque » de ressources externes à exploiter dans ses séances… en présentiel ou en distanciel ;
  • Affiner, si nécessaire, ses progressions pédagogiques (objectifs pédagogiques par séance, liste de ressources…), pour pouvoir, si besoin, les partager avec les étudiants ;
  • Rendre les étudiants plus « acteurs » de leur formation en augmentant la place accordée aux activités ;
  • Scénariser chaque séance avec le plus de précision possible, en distinguant les situations d’apprentissage qui peuvent être réalisées, le cas échéant en asynchrone/autonomie ;
  • Rédiger avec précision les consignes qui sont habituellement données oralement ;
  • Numériser progressivement les « blocs » constituant les séances (contenus, activités, évaluations), en leur donnant des titres explicites ;
  • Choisir une plateforme où héberger ce qui sera mis à la disposition des étudiants, si l’établissement n’en a pas et/ou en cas d’intervention dans plusieurs établissements pour enseigner la même chose (un sujet que j’évoquerai très prochainement) ;
  • Vérifier que les contenus y seront consultables sur téléphone, et non uniquement sur un écran d’ordinateur ;
  • Habituer les étudiants à s’y rendre, pour accéder au matériau de cours, pendant les séances en présentiel ;
  • Choisir (si vous êtes libre, à ce niveau là) des modalités d’évaluation facilement transposables au distanciel… sans perte d’exigence et de « sécurité » (éviter la « triche »).
  • Donner aux étudiants un moyen de vous contacter en dehors des cours… et leur répondre dans un délai raisonnable !

Un petit tip supplémentaire : l’enseignement par projet est particulièrement bien adapté à un passage au distanciel.

Et les étudiants dans tout ça ?

Le confinement n’en a pas plus fait des étudiants en distanciel qu’il n’a fait des formateurs des pros du distanciel ! Nombre d’entre eux ont disparu dans la nature pour de bonnes ou mauvaises raisons.

Paradoxalement, cette génération qui passe sa vie sur Instagram ou sur Snapchat, a parfois un peu les deux pieds dans le même sabot pour utiliser le numérique professionnel : incapacité à chercher de l’info sur le Web, difficulté à utiliser certaines applications… Sans compter qu’au-delà des considérations financières, certains étudiants trouvent tout à fait naturel d’avoir un smartphone haut de gamme, mais pas d’avoir un ordinateur portable…

De leur côté, ils devront, notamment :

  • Investir, si possible, dans un portable personnel ;
  • Prendre l’habitude d’être plus autonomes (ne pas avoir besoin qu’on regarde par-dessus leur épaule pour faire les activités demandées) ;
  • Travailler en mode essai/erreur, au lieu d’attendre toujours des réponses à leurs questions (sans fin) pour démarrer une activité ;
  • Apprendre à travailler en groupe à distance et/ou à échanger sur le cours (non, les réseaux sociaux ne sont pas réservés à ce qui est perso !).

Alors oui, il y a du pain sur la planche, mais le jeu en vaut la chandelle ! Au-delà d’une modernisation indispensable des modalités d’enseignement, favoriser la flexibilité est un enjeu essentiel pour qui voudra tirer son épingle du jeu dans un secteur extrêmement concurrentiel, et dans un contexte où la nécessité de travailler à distance risque de se manifester de manière régulière.

« Older posts Newer posts »